Petit bilan de la période 1

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Petit bilan de la période 1

Les vacances d’automne ont sonné l’heure de faire un petit bilan de cette première période qui a vu la mise en place de beaucoup de nouveautés dans ma classe !

Le tableau de programmation

Cette année pour la gestion des centres j’ai utilisé un tableau de programmation que je vous décris dans cet article.

Ce système s’est avéré très pratique : les élèves voyaient figurer à côté de leur prénom les centres auxquels ils pouvaient se rendre dans la journée lors des temps de travail en autonomie. Ils se repéraient très facilement et le suivaient bien. 

Très vite, j’ai dû faire évoluer le tableau de programmation car les élèves ayant validé certains items de leur permis d’autonomie avaient obtenu le droit de faire les centres dans l’ordre qu’ils voulaient.

Aussi, aucune étiquettes de centres n’était alors placée à côté de leur prénom. Ce sont les élèves eux mêmes qui venaient les mettre dès qu’ils avaient terminé une activité. Cela me permettait, à la fin de chaque journée, de voir qui avait fait quoi et, le cas échéant, de corriger leur production.

Ce fonctionnement implique donc une liberté totale de l’élève dans le choix du travail à réaliser, une auto-gestion complète des élèves qui doivent, à la fin de la semaine, avoir réalisé toutes les routines aux centres.

Pour rappel, j’avais opté pour un tableau de programmation car, l’an passé, j’utilisais un plan de travail qui, malgré son format très simpliste, avait posé bon nombre de difficultés à mes anciens loulous.

Ma classe de cette année me montre déjà par bien des aspects qu’elle est plus autonome et les élèves, dans l’ensemble, parviennent très bien à gérer leurs travaux d’autonomie.

Je pense donc tenter avec eux l’utilisation du plan de travail après la Toussaint. J’en ferai le bilan dès que possible 😉

L’auto gestion aux centres d’autonomie

C’est la partie qui me faisait le plus peur au départ mais finalement, grande surprise !

Les élèves parviennent à présent tous à réaliser les activités des centres dans la semaine.

Au départ certains ont tenté le « je ne fais que ce que j’ai envie ! ». Je les ai laissé faire, sans commenter !  (Dieu que cela fut difficile !!! :-o)

Ils ont (heureusement pour mes nerfs ;-)) rapidement remarqué que les élèves qui respectaient ce qui étaient demandé validaient des items du permis d’autonomie (voir ici) et obtenaient également des droits de confiance qui leur faisaient envie. Aussi ils ont modifié très vite leur façon de faire, demandant de l’aide pour s’organiser à leur copains de classe où même à moi. Ils ont ainsi chacun développé des techniques différentes :

– certains m’ont clairement dit qu’ils faisaient d’abord ce qui leur plaît le moins pour s’en débarrasser histoire de terminer la semaine sur une note plus joyeuse avec des activités ou des centres qui leur font plaisir.

– d’autres font l’inverse : d’abord ce qu’ils aiment pour bien démarrer puis ce qu’ils aiment moins pour ensuite (je cite) « être content de partir en week-end« . 😀

– d’autres encore n’établissent pas vraiment de stratégie de travail et vont juste là où il y a de la place afin de ne pas déranger les camarades qui sont déjà occupés.

Tout cela nous a permis de faire un  lien avec notre travail d’EMC sur la différence : nous sommes tous différents mais pas uniquement par le physique ou le caractère, mais également par notre manière de procéder et d’apprendre.

Chacun de mes élèves fonctionne donc différemment. Je l’ai compris. Eux aussi. Maintenant, charge à chacun de nous de respecter cela et d’offrir (à soi comme à ses camarades) les meilleures conditions possibles pour travailler et évoluer. On y travaille encore mais ils sont en bonne voie, ils m’épatent chaque jour !

La gestion de comportement

Cette période a aussi été l’occasion de tester la grosse nouveauté dont je vous parlais il y a quelques semaines : l’absence de système de gestion du comportement dans ma classe !

Cette année, pas de perte de points, pas de gain de points, pas de couleurs, pas de privilèges … RIEN !

Même si j’étais totalement convaincue par cette idée (qui me trottait en tête depuis un bon moment), je dois avouer qu’elle me faisait peur !

Cela ne s’est pas fait sans peine évidemment (même s’il faut reconnaître que cela aurait sans doute été pire si je n’avais pas eu une classe aussi calme et réfléchie que celle que j’ai cette année, sachant avoir beaucoup de recul sur les évènements.).

 Comment j’ai procédé pour mettre en place ce non-système (Oui parce que même s’il n’y a pas de système de gestion du comportement, il fallait tout de même l’expliciter aux élèves !)
Tout a démarré le premier jour d’école (et oui, incroyable mais vrai ! 😀). J’ai laissé mes élèves se promener dans la classe un temps pour l’observer, toucher au matériel …

Puis je les ai réuni au coin regroupement pour leur expliquer comment j’aimerais que l’année se passe : je leur ai dit que cette salle était notre classe à tous, pas seulement la mienne comme les élèves le disent trop souvent.

Je leur ai demandé si chez eux ils avaient une chambre :

– certains m’ont dit oui, qu’ils sont seuls dedans et peuvent y faire ce qu’ils veulent avec leur jouets,

– d’autres m’ont dit non car ils partagent une pièce avec leur frère ou leur soeur et doivent donc se mettre d’accord sur l’organisation de la pièce, des jouets … Bref, ils cohabitent !

Nous avons donc ensemble fait le lien avec notre classe qui est notre pièce à tous, dans laquelle nous allons devoir cohabiter durant 10 mois ! On y vit ensemble, on partage le matériel, on partage l’espace

Un élève a même fait un autre parallèle avec son sport préféré : le football !

« En fait maîtresse, on est une équipe ici ! On est tous des joueurs, on se partage le ballon pour mettre des buts et gagner tous ensemble ! »

Cette métaphore a beaucoup plus parlé à la classe que celle de la chambre finalement. Je la garde en tête pour l’an prochain. 😉

Les élèves ont donc reçu en guise de règles de classe que deux interdits :

Interdit de toucher à la tablette de la maîtresse

Pourquoi ? Parce qu’elle est fragile, qu’elle coûte cher et qu’elle en a besoin plus que personne dans la pièce.

Interdit de faire de se mettre en danger (soi ou les autres)

Pourquoi ? Parce qu’on peut se blesser, gêner, déranger, abîmer …

Mis à part ça, ils pouvaient TOUT faire sans me demander : parler, bouger, marcher, chercher un mouchoir … 

J’ai poursuivi la discussion en disant aux élèves que j’avais totalement confiance en eux, que j’étais certaine qu’ils savaient déjà parfaitement ce qui était bien et ce qui était mal, que je ne comptais pas perdre de temps avec des choses évidentes

J’ai également précisé que je ne comptais pas être un gendarme ou un dictateur et que s’il y avait un conflit au sein de la classe (et donc au sein de notre équipe), on en parlerait tous ensemble pour essayer de résoudre le problème afin de conserver une bonne ambiance parmi nous car une année scolaire c’est long et qu’on ne peut pas se permettre de laisser des situations s’envenimer.

Les débriefs sur le vif

C’est donc ce que nous avons fait plusieurs fois lors des 3 premières semaines de classe !! A vrai dire je le faisais les autres années également (comme beaucoup d’enseignants d’ailleurs !) mais pas systématiquement. Cette fois, si !

J’ai donc fait des temps de débat/bilans/débrief … de 15-20 minutes, parfois même en interrompant la classe, afin de réagir vite sur un sujet important.

Dès qu’un élève adoptait un comportement gênant pour la classe,nous en discutions ensemble.

Dès qu’un élève adoptait une attitude dangereuse, nous en discutions ensemble.

Après chaque conflit en classe ou dans la cour, nous en discutions ensemble.

Après toute question d’un élève qui avait un doute sur le fonctionnement ou le bon comportement à adopter, nous en discutions ensemble.

Comme dirait l’autre : « Action ! Réaction ! ». Un souci et j’arrêtais tout !

Durant ces trois semaines, les débats improvisés ont engendrés des petites sanctions réparatrices qui ont toujours été données en accord avec l’ensemble des élèves (nettoyer la classe si tu as laissé tes papiers par terre, réparer le pot à crayon qui a été abimé car il traînait par terre …)

Une élève m’a dit une fois : « Mais maîtresse, tu perds du temps à nous réunir à chaque fois pour qu’on discute de nos bêtises ».

Certes, sur le moment, on se dit qu’on perd du temps ! Mais avec le recul, les élèves comme moi, nous rendons compte que cela est, tout au contraire, un gain temps pour l’avenir. 

Cela fait 4 semaines entières que nous n’avons plus eu besoin de nous réunir pour gérer des situations de ce genre !

Pourquoi ? Simplement parce que les élèves ont à présent compris ce que l’on attendait d’eux et pourquoi on attendait cela. (Par « on » je parle de l’ensemble de la classe, moi comprise !)

Ils ont également compris ce qu’ils devaient exiger d’eux même, dans leur intérêt et dans celui de tous.

Exemple : Mon petit N. ne pouvait s’empêcher de déranger ces camarades par des bruits dans leurs oreilles en classe, les premières semaines, alors qu’il devait faire son écriture. J’ai souvent interrompu la classe à ce sujet car les élèves s’en plaignaient. Au bout de 3 discussions de classe, N. nous a dit à tous « En fait, j’aime pas écrire moi. Pas du tout ! Je vous embête pour pas le faire. Mais après chez moi, mes parents ils me font faire quand même. Du coup, le mieux c’est que pour l’écriture je travaille tout seul dans mon coin. Comme ça je peux déranger personne. J’ai pas le choix quand je suis seul ! » La classe était d’accord avec cette demande. N. n’a plus dérangé personne depuis et écrit même bien mieux afin de ne pas avoir à le refaire sur demande de ses parents à la maison ! En classe, chacun a compris que c’était la façon de travailler de N. et chacun le respecte, dans l’intérêt de tous.

De la même manière, j’ai très vite pu entendre (pour mon plus grand bonheur évidemment) les élèves se « faire la morale » entre eux :

– « Est-ce que tu pourrais ranger ce coussin s’il te plaît ? Tu ne t’en sers plus et il est dans le chemin, c’est dangereux ! C’est interdit de faire des choses dangereuses en classe et là j‘ai failli glisser dessus quand même ! « 

– « Hey, pssst ! Vous pouvez discuter un peu moins fort au centre. Je n’arrive pas à me concentrer pour faire mon travail. »

– « Tu ne peux pas changer de place maintenant, tu n’as pas terminé ton activité ! Tu sais bien qu’on ne change de place que lorsqu’on a bien tout fini. Après, tu fais comme tu veux, je m’en fiche ! Mais ne viens pas râler pour ton permis ! »…

– Le meilleur fut le jour où j’ai vu deux élèves échanger près du centre d’écoute : « Est-ce que tu peux chanter (=fredonner) moins fort ce que tu entends dans ton casque ? J’arrive pas faire mon calcul mental. Déjà que j’ai pas tout bien compris … ». J’allais me diriger vers cette élève pour l’aider puis, j’ai vu son camarade, retirer son casque audio, le ranger en lui disant « Ah ben attend je viens t’expliquer, j’ai eu tout bon hier moi ! Tiens, on va prendre les jetons tu verras comment j’ai fais ! » Je ne vous raconte pas la bouche bée que j’ai d’abord laissé tomber avant de me mettre à sourire tellement j’étais heureuse de voir que mes élèves étaient capables de ça.

Alors, on me dira (on me l’a déjà dit d’ailleurs …) que c’est un coup de chance, quelques moments de grâce tombé du ciel, que ce « cru CP 2017-2018 » est remarquablement bienveillant, sage, adorable … (mais cela je le pense également en fait donc ça ne compte pas hein ?! lol). Bref, on pourra me trouver des millions de raisons et d’arguments pour minimiser les améliorations que je vois au quotidien mais, personnellement, je persisterai à croire que l’absence de système de gestion de comportement à contribuer à améliorer l’ambiance de classe et l’attitude des élèves en classe, face aux apprentissages.

Utopiste ? Rêveuse ? Irrationnelle ? … Appelez cela comme vous le voudrez. Ce que je peux dire pour ma part c’est que plusieurs de mes élèves m’ont été signalé lors la rencontre GS-CP de juin dernier pour « problèmes de comportement réguliers, à surveiller de très près » (ce qui m’avait justement fait peur …). Mais, cette année, depuis les débats improvisés en classe des 3 premières semaines, je n’ai rien eu à dire à ces élèves concernant leur comportement ! Leurs parents en sont d’ailleurs à la fois ravis et stupéfaits ! Un de ces élèves signalés m’a dit il y a à peine 4 jours :

« Je préfère l’école cette année maîtresse tu sais !! Parce que cette année je ne suis plus puni tout le temps !

– Tu étais souvent puni les autres années ?

– Oooooh oui ! Y avait plein de choses à ne pas faire les années d’avant, et moi, ben je voulais voir et les faire. Mais ici y en n’a pas de choses à ne pas faire ! Du coup je peux plus faire des bêtises puisse que ça existe plus les bêtises au CP ! »

Ma classe n’est évidemment pas un monde de Bisounours, loin de là : il y a eu des conflits dans la cour, des mécontentements dans la classe … Certes j’ai dû hausser le ton plusieurs fois car, comme tout le monde, j’ai des jours avec et des jours sans, des humeurs, de la fatigue, etc … Mais sur 7 semaines de classe, je n’ai eu à sanctionner sévèrement qu’une seule fois ! Oui, une seule fois ! (Et j’aimerais d’ailleurs que ce soit la seule de l’année également ! À voir … 😉

En bref, cette première période m’a amplement satisfaite ! J’ai hâte de savoir ce que la suite de cette année scolaire me réserve !

Et vous, comment ça s’est passé cette première période ?

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