Depuis ma lecture sur la différenciation pédagogique, les différents types de mémoire et les profils d’apprentissages (je vous en parlais ici il y a quelques mois), j’essaye autant que possible de proposer dans ma classe des enseignements où chaque élève pourra s’y retrouver, notamment en musique, discipline avec laquelle je rencontre quelques difficultés.
J’aime la musique ! Je l’adore même et je ne pourrais certainement pas vivre sans !
Mais je serai bien mal placée pour parler en détails de son enseignement ou donner des conseils sur ce sujet car je ne le maîtrise que trop peu.
En effet, même si les professeur des écoles doivent être polyvalents et doivent enseigner toutes les disciplines, le fait est que nous sommes des êtres humains et que nous ne sommes pas tous doués dans tous les domaines ni dans les mêmes domaines (d’où l’importance de l’échange et du partage dans notre métier ! ;-)). Il y a des matières avec lesquelles, soyons honnêtes, nous avons peu d’atomes crochus !
Ben, pour moi, cette matière, c’est la musique !
Je me sens personnellement vraiment désarmée pour enseigner cette discipline correctement et, même si je lis régulièrement des documents sur le sujet, demande des conseils autour de moi … je ne peux en dire qu’une chose : je fais ce que je peux avec mes faibles connaissances (qui, pour l’anecdote, s’en limitent à mes vagues souvenirs de mes années « collège » et aux séances faites à l’IUFM en vue du concours).
La portée ? ça va, je gère. La littéraire que je suis fait le parallèle avec les lignes d’un cahier sur lesquelles elle pose les notes pour pouvoir écrire … euh non ! Composer !
Les notes ? ça … ça va encore ! Disons que je comprends le principe et l’organisation générale … C’est un peu comme les lettres de l’alphabet que l’on doit mettre sur une ligne d’écriture, dans le bon ordre pour former, non pas des mots, mais des mélodies … non … un rythme … euh … un tempo ? …
Ah ben voilà, on y est ! Je suis perdue !
Entrer dans la musique, m’a demandé un gros travail de compréhension. Aussi, si mes élèves de CP ont parfois du mal à comprendre des textes en lecture, je peux sans mal interpréter leurs difficultés : Ils entendent mais ne mettent pas d’images dessus ni de sens. En fait, je vis la même chose avec l’enseignement de la musique !
Je le lis, je l’écoute … mais je ne le comprends pas !
Mais attention ! Loin de moi l’idée que la musique ne signifie rien ! Je pense, bien au contraire, que la musique est un langage bien particulier qui peut transmettre des messages puissants. L’explication des difficultés que je rencontre dans cette discipline est toute simple : je ne suis pas auditive pour un sou !!
Or, la musique nécessite une utilisation importante de l’audition. (Oui, bon OK ! Vous allez me dire : Beethoven était sourd ! Faut toujours une exception non ?! ;-)).
Évidemment, si j’avais pratiqué la musique étant plus jeune en jouant d’un instrument ou en pratiquant le chant choral par exemple, cela aurait été sans doute différent car mon audition aurait été entraînée …
Mais, le fait est que ce n’est pas le cas ! Je n’ai jamais touché d’instruments (à part ma fidèle flûte à bec de la 6ème à la 3ème !), je n’ai jamais eu de cours de solfège ni rien de ce genre.
Quand je dois apprendre une chanson par exemple, j’ai deux solutions qui s’offrent à moi :
– regarder le clip pour retenir les images et les lier aux paroles que je lis en parallèle
– associer des gestes aux paroles pour vivre le texte.
Je passe donc par mes profils d’apprentissage dominants pour compenser la « défaillance » de ma mémoire auditive.
Au collège déjà, je n’apprenais pas les notes à jouer à la flûte (lire une partition, pour moi, c’est comme lire du chinois !) : je regardais mes copines s’entraîner, je retenais l’ordre des trous à boucher ou à libérer pour jouer la partition, et je reproduisais le tout en classe devant mes camarades en évaluation. Jouer de la flûte n’était au fond pour moi qu’une chorégraphie très précise des doigts. (Attention, je ne dis pas que c’est bien ! Je dis juste que cela m’a sauvé des mauvaises notes ! ;-p).
Par la suite, durant mes premières années d’enseignement, je peux l’avouer aujourd’hui : je ne me suis pas trop trop foulée pour enseigner la musique. J’avais bien mis de côté les cours, séances et séquences que j’avais pu vivre et prendre en notes à l’IUFM et je les ai ressorties à mes élèves en l’état. Cela me rassurait car, d’un côté je savais que c’était des apprentissages efficaces car mis au point par des enseignants chevronnés et experts dans la matière et, d’un autre côté, je me retrouvais libérée du stress de devoir préparer un cours que je ne maîtrisais pas. (Parce que, franchement, j’avais aussi durant mes premières années d’enseignement, bien d’autres chats à fouetter entre les visites-conseils, la titularisation, les postes qui changent à chaque rentrée …)
Mais voilà … Un jour, j’en ai eu assez de faire la même chose encore et encore, d’année en année (même si j’adaptais au niveau de classe qui se trouvait en face de moi). J’ai donc voulu changer un peu … beaucoup … sans pour autant en avoir appris plus entre temps !
Je me suis donc tournée vers des lectures et des ouvrages pédagogiques « clé en mains » qui m’ont permis d’ouvrir mes horizons et d’enseigner la musique tout en l’apprenant moi-même.
Voici quelques sources que j’ai pu utiliser et/ou que j’utilise encore actuellement …
L’éducation musicale à l’école élémentaire (RETZ)
Une année au concert – cycle 2 (CANOPE)
Le portail Musique Prim’
En alliant les conseils et idées donnés dans les différents ouvrages cités à mon passé difficile d’enfant extrêmement peu douée en musique, j’ai décidé de proposer à mes élèves un enseignement qui s’adapte aux 3 profils d’apprentissages connus afin de leur éviter de se retrouver, comme moi autrefois, perdue entre les notes et les paroles :
– Auditif : il est facilement mis en avant en musique grâce aux écoutes musicales, aux chants … Par l’écoute répétitive, l’analyse des tempo, rythmes … les élèves auditifs trouvent rapidement dans la musique un refuge qui leur permet de développer leur profil d’apprentissage dominant. La musique est la discipline dans laquelle, très souvent, ils peuvent être valorisés, une discipline qui les motive.
– Visuel : c’est, à mes yeux, le profil d’apprentissage le plus difficile à travailler en éducation musicale. Pour le moment, mes actions pédagogiques s’en limitent à donner parfois des couleurs aux notes (plutôt que de les laisser noires), dessiner les paroles en les représentant avec des bandes de couleurs ou en codant la chanson, … De même, je « surjoue » énormément quand je fais musique avec mes élèves (comme le faisait finalement mon professeur de musique au collège : cela faisait rire la classe, mais sans cela, jamais je n’aurais retenu le peu que je sais encore aujourd’hui ! Merci à lui !) : les élèves visuels retiennent ainsi mes expressions faciales, les gestes que j’exagère pour mimer la musique ou mettre en scène les paroles …
– Kinesthésique : C’est le profil d’apprentissage le plus répandu parmi les élèves en difficulté et c’est aussi celui qu’il me parait logique de travailler quand on parle d’éducation musicale ! Quand, comme moi, on n’aime la musique mais qu’on ne sait pas en jouer et qu’en plus on chante comme une casserole, que peut-on faire pour profiter de sa passion ? On bouge ! On danse ! On tape du pied ! On tape des mains ! On saute ! On fait n’importe quoi qui nous donne le sourire et qui nous permet de nous épanouir dans ce langage qu’on ne maitrise pas en profondeur mais qui résonne en nous sans qu’on puisse vraiment dire pourquoi ! Quand on fait musique dans ma classe, on bouge les tables, les chaises, on se met en rond et … on danse ! On utilise la portée sensorielle faite maison, les élèves recherchent des gestes à associer aux paroles pour créer une sorte de chorégraphie qui leur permet de retenir dans un premier temps, l’idée générale du texte puis, par la répétition et l’entraînement, les paroles elles-mêmes.
Cette année, j’ai décidé de réaliser un petit livret pour chaque chanson apprise. Ce guide d’aide à la mémorisation et placé au centre d’écoute et contient :
– les paroles de la chanson
– des symboles pour marquer les pauses
– les images des gestes choisis par les élèves.
Pour vous donner une idée de l’utilisation des profils d’apprentissages en musique, voici le premier livret de l’année portant sur la chanson de Claudio Capéo « Donne-moi ta main ».
Voilà où j’en suis dans ma réflexion sur l’enseignement de la musique. Je suis toujours en recherche sur ce sujet et, si jamais vous avez des pistes de réflexions, des lectures à me conseiller ou des techniques qui ont fait leur preuve, n’hésitez pas à me les faire remonter. Je suis preneuse de tous les conseils qui me permettront de m’améliorer ! 😉
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