La rentrée 2020 a été plein de surprises de toutes sortes. Dès les premiers jours de classe, il m’a fallu revoir l’organisation que j’avais jusque là en terme de différenciation pédagogique et de gestion des niveaux de chacun dans de nombreuses disciplines afin de pouvoir adapter les apprentissages au maximum (mais sans m’épuiser pour autant). J’ai donc opté pour un nouveau système de gestion de l’hétérogénéité des niveaux : les porte-clés des groupes.
Flashback : Comment c’était avant ?
Jusqu’à cette rentrée, j’utilisais essentiellement le tableau de programmation pour différencier au sein de ma classe, lors des temps de travail guidé.
Le tableau de programmation me permettait de faire apparaître clairement aux élèves :
– deux groupes hétérogènes
– jusqu’à 4 groupes homogènes (pour une ou deux disciplines maximum)
Si ce fonctionnement était efficace les années précédentes, il s’est avéré être bien insuffisant pour cette rentrée 2020.
« L’effet confinement » (expression que j’entends de plus en plus) s’est rapidement fait ressentir sur le niveau des élèves dans les différentes disciplines.
Loin de juger ce qui a été fait dans les foyers durant cette période aussi inédite que complexe à gérer pour tous (ma famille comprise !! ;-)), le fait est que les différences de niveaux entre les élèves sont très importantes et extrêmement variables selon les disciplines.
Afin de pouvoir m’adapter du mieux possible à chacun d’eux (mais aussi pour m’éviter de m’épuiser sous le poids du travail ou même de perdre la raison !), je DEVAIS changer de système de gestion de l’hétérogénéité des niveaux au sein de ma classe.
De quoi avais-je besoin ?
Il me fallait trouver un système qui me permette à la fois :
– de conserver le système de demi-classes hétérogènes que j’apprécie pour les temps de travail collectif dans des disciplines comme les langues vivantes, QLM, etc …
– de différencier par groupes de niveaux (ou de besoins, en fonction des objectifs et matières) dans 3 disciplines principales (graphisme, lecture, maths) tant les niveaux sont variés et variables.
– de le modifier facilement : en effet, les élèves avancent et progressent au fil de l’année. Ils risqueront donc fortement de changer de groupes en cours d’année.
Un cahier des charges court mais complexe à mettre en œuvre.
Surtout avec des CP (ce qui élimine tous les fonctionnements nécessitant de la lecture car mes élèves sont non-lecteurs – en début d’année en tous cas).
Si constituer les groupes n’a pas été très compliqué, un problème s’est vite poser :
Comment mettre un place un fonctionnement qui soit lisible rapidement et efficacement par les élèves ?
Une solution a été très vite envisagée et tout aussi vite rayée de ma listes d’idées : l’affichage collectif.
Faire apparaitre la constitution des groupes sur un affichage de classe aurait engendré des « bouchons » pour le consulter et, donc, une perte de temps lors de la mise en place des groupes à chaque changement de constitution.
Je me suis alors orientée vers une solution plus « individuelle » où chacun disposerait de ses différents groupes de travail. Ainsi, l’élève ne risque ainsi pas de s’éparpiller ou de se perdre dur un affichage collectif.
Les cartes de groupes : une première ébauche de solution
J’ai créé dans un premier temps des « cartes de groupes » que les enfants gardaient sur eux grâce à un tour de cou.
Sur la carte, figurait :
– le nom de l’élève ainsi que le petit avatar qu’il s’était choisi en début d’année (dans un kit que j’avais trouvé sur TPT il y a quelques années)
– ses 3 groupes (homogènes) d’appartenance avec :
– une lettre pour désigner leur groupe de lecture
– une couleur pour désigner leur groupe d’écriture (la couleur du cahier utilisé pour s’exercer en fait)
– un chiffre pour désigner leur groupe de mathématiques
« Mais comment cela se passait concrètement en classe ? »
Le matin, les élèves s’installaient où ils voulaient (durant le temps de l’accueil échelonné) pour faire les rituels d’accueil.
Une fois que la sonnerie retentissaient, je disais quel groupe devant venir s’installer au centre guidé pour démarrer la journée. Si j’appelais le groupe A, tous les élèves ayant un A sur leur carte de groupe devaient venir au centre guidé. Nous changions les groupes ensuite. Idem pour l’écriture et pour les maths.
Les avantages étaient que les élèves les avaient toujours sur eux, pouvaient les consulter rapidement et elles étaient faciles à modifier en cas de changements de constitution des groupes (on refait la carte, on l’imprime, on perfore, on remet sur le tour de cou et c’est reparti pour un tour !).
L’inconvénient a très vite été mis en mots par les élèves : le tour de cou c’est gênant ! Il traînait toujours sur leur table quand ils faisaient des travaux de groupes … ils devaient les enlever pour aller en récré et penser à les remettre pour revenir en classe … les cartes se déchiraient …
Bref, si le fonctionnement était compris et fluide, il fallait une autre organisation matérielle pour qu’il soit non seulement efficace mais aussi pratique pour les élèves !
De plus, un autre souci se posait quand j’appelais le groupe A … Les élèves ne savaient pas s’il s’agissait du groupe A affiché sur le tableau de programmation ou de celui affiché sur leur carte pour le français. Il me fallait donc trouver aussi un 4ème moyen de distinction de groupes … (Et j’aurais pu y penser bien plus tôt mais bon … tant pis pour moi !).
Les porte-clés de groupes : le meilleur compromis
En fouinant sur internet, j’ai trouvé une solution pas trop coûteuse qui me permettrait de rempli mon cahier des charges en résolvant les soucis soulevés par l’expérience « cartes de groupes ».
J’ai en effet trouvé sur un site de vente, des petits portes-clés en plastique permettant de glisser une petite photo dedans.
J’ai donc décidé d’en commander afin d’y glisser les cartes de groupes (dont j’ai réduit le format pour le coup) et de l’accrocher à la trousse des élèves (outils qu’ils ont – très souvent – avec eux en classe …).
Cette solution m’a permis de résoudre le problème du « tour de cou gênant ».
Pour les intéressés, je vous glisse un lien vers des portes-clés semblable ICI. Ceux que j’avais pris ne sont plus disponibles mais ceux-ci sont quasi identiques à la différence qu’ils sont rectangulaires et non carrés. 😉
Pour solutionner le problème du nom des groupes, j’ai décidé de ne plus nommer mes groupes hétérogènes A et B (afin de ne conserver les lettres que pour désigner les groupes homogènes de lecture) mais de leur donner plutôt un nom d’animal marin (en lien avec notre projet annuel autour du Vendée Globe et des océans).
Les groupes hétérogènes s’appellent donc les « tortues marines » et les « poissons clowns » (ou plutôt les « Samy » et les « Némo » car les élèves préfèrent ;-)).
Les portes-clés s’organisent donc de la même manière que les cartes de groupes à la différence que, sur leur recto figure (en plus du nom et de l’avatar de l’élève) le dessin du groupe hétérogène de l’élève.
Pour faciliter l’appel des élèves au centre guidé, j’ai créé une petite étiquette aimantée pour chacun des groupes.
Ces étiquettes sont rangées sur le néon du tableau.
Lorsque j’ai besoin qu’un groupe vienne s’installer au centre guidé pour travailler avec moi, je place l’étiquette du groupe concerné sur le tableau. Les élèves ont désormais pris l’habitude de ne plus regarder le tableau de programmation (accroché sur la porte d’entrée de la classe) mais plutôt le tableau de la classe car c’est là que figure le nom du groupe qui va commencer à travailler avec moi.
Si ce nom de groupe figure sur le porte-clés de leur trousse, ils s’installent alors aux tables devant le tableau. Autrement, ils se rendent aux centres pour réaliser leurs activités autonomes avec un de leur camarade.
En fonction de la discipline, de la notion abordée, de l’activité ou autre, je peux choisir de travailler avec des groupes hétérogènes ou des groupes homogènes. A moi de voir ce qui sera le plus pertinent pour les élèves et les apprentissages. Quoi que je choisisse de faire, je sais que je n’aurais pas à perdre du temps pour l’appel car les élèves ont toutes les informations sur eux. (C’est déjà un luxe en soi !)
Concernant le besoin de faire évoluer la constitution des groupes, ces portes-clés sont sensés ne plus pouvoir s’ouvrir une fois fermés.
MAIS …
En glissant une lame très fine (couteau ou cutter) dans la fente du porte-clés et en faisant levier, la petite fenêtre s’ouvre plutôt facilement ce qui me permet de changer la carte de chaque élève quand c’est nécessaire (ce que j’ai d’ailleurs déjà fait pour la P2 qui approche à grands pas ;-)).
Ce fonctionnement a été testé et modifié au cours des 7 semaines de la période 1 et nous satisfait totalement mes élèves et moi.
Reste à voir s’il sera toujours pertinent et efficace au fil de l’année en fonction des progrès des élèves et des conditions sanitaires qui changeront peut-être … (mais espérons que non !!)
J’espère que ces explications vous seront suffisamment claires et qu’elles pourront vous servir ou vous inspirer afin de vous faciliter la gestion des groupes de niveaux / besoins dans votre propre classe. Si jamais vous avez d’autres idées pour améliorer le système, n’hésitez pas à les indiquer en commentaires. 😉
Ajout du 28/10/2020 : Pour les collègues intéressés, je vous laisse ICI la trame modifiable des cartes de groupes des élèves (version tour de cou et version porte-clés carré).
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