Si j’ai voulu changer ma manière d’enseigner c’était avant tout, étant donné le profil hétérogène de classe que j’avais, pour pourvoir être au plus près des élèves et de leurs difficultés.
Après de nombreuses discussions avec mes collègues, nous avons finalement décidé de couper notre classe en 2 groupes hétérogènes : un groupe travaillant avec moi, l’autre travaillant en autonomie.
Mes groupes sont hétérogènes dans toutes les disciplines par choix personnel car cela correspond aux besoins que j’ai avec ma classe. Il est possible de faire des groupes plus homogènes, de niveaux, en lecture par exemple. Pour plus d’infos sur le sujet, n’hésitez pas à aller jeter un œil sur le blog de ma collègue La maîtresse Sev, juste ici !
Il a donc fallu repenser tout l’espace-classe pour qu’il convienne à cette nouvelle pédagogie.
J’ai testé plusieurs dispositions de tables différentes (que vous trouverez expliquées en détail ici) avant d’utiliser 7, 6 puis finalement 5 tables doubles pour former un U devant le tableau.
Cette formation que j’avais déjà utilisé il y a quelques années en CE2 et en SEGPA (mais plus en mode « classe entière » du coup ;-)) a retrouvé tout son intérêt lorsque je l’ai redécouvert sur internet, notamment à travers le compte Instagram Mais que fait la maîtresse. Cette disposition s’est avérée être la disposition la plus efficace pour répondre à mes besoins du moment.
Ainsi, les élèves du groupe travaillant avec moi peuvent s’installer pour suivre la découverte des nouvelles notions. L’autre demi-classe travaille en binômes aux différents centres d’autonomie répartis dans le reste de l’espace-classe (articles à venir).
« Mais pourquoi un positionnement en U ? »
Tout simplement parce que c’est ce qui s’est avéré être, à mes yeux le plus pertinent pour plusieurs raisons :
- Grâce à la table en U, les élèves sont tous assis au plus près du tableau lorsque celui-ci est utilisé : fini le casse-tête des changements de place où il faut penser à mettre Y loin de Z et de X mais sans oublier que Y et X attendent un rendez-vous chez l’ophtalmologue car ils ont des problèmes de vue et doivent donc être tous les deux placés près du tableau. Dorénavant, tout le monde est près du tableau. C’est un gain de temps et d’énergie considérable pour une maîtresse !
- Grâce à la table en U, les élèves apprennent à partager : cette nouvelle disposition a occasionné un premier « deuil » : l’attribution des places. L’espace de travail avec l’enseignant n’offrant que 13 places au maximum, les élèves ne pouvaient plus avoir leur propre pupitre. Les places de la table en U sont donc toujours attribuées à deux élèves, un de chaque groupe.
- Grâce à la table en U, je suis plus proche des élèves : beaucoup d’élèves n’osent pas lever la main et se manifester quand ils ne comprennent pas car ils craignent le regard des autres. Aussi, quand on a 25, 27, 30 élèves (et même plus parfois malheureusement), ce n’est que lors de la correction (et donc quand l’élève n’est plus avec nous !) que nous constatons qu’il n’a pas compris. La table en U permet un travail en groupe restreint où les élèves se dévoilent plus facilement. Et puis, la maîtresse est juste là, plus disponible car elle n’a que 13 élèves à gérer. L’élève a moins peur de « déranger ». Depuis que je travaille ainsi, j’ai pu remarquer que la relation élève-enseignant s’est modifiée de manière positive : il y a moins de craintes et plus de confiance.
- Grâce à la table en U, je suis littéralement « au-dessus des difficultés de ses élèves » : Lorsque je travaille à la table en U avec les élèves, je m’assois sur un tabouret à roulettes (comme j’avais lors de mes années en maternelle) qui me permet de circuler à l’intérieur du U et d’aller très facilement d’un élève à un autre pour les aider. Quand je travaille avec un élève du U, je suis toujours à moins de 50 cm de lui, les yeux au-dessus de sa table et, donc, de son travail. Il m’est alors plus facile de voir les difficultés, de les comprendre et d’y répondre efficacement.
- Grâce à la table en U, les élèves apprennent l’entraide : j’ai attribué les places de la table en U de manière à placer un élève ayant des difficultés à côté d’un élève ayant plus de facilités tout comme j’ai associé les élèves timides aux plus extravertis. Ils peuvent ainsi s’aider mutuellement. Un enseignant pour 13 élèves c’est toujours mieux qu’un enseignant pour 25 mais cela reste loin du cours particulier alors si les élèves peuvent s’aider entre eux, les apprentissages sont encore plus accessibles à tous. On a tous à apprendre des autres, pas seulement des maîtresses !
- Grâce à la table en U, je dispose d’un espace de regroupement directement à l’entrée de la classe. Cet espace est délimité par un tapis (trouvé chez Ikea) suffisamment grand pour accueillir les élèves du groupe qui travaillera ensuite en autonomie. Les élèves s’assoient donc par terre en face du tableau. Cet espace permet de réunir les élèves pour établir avec eux le déroulement de la journée et/ou de la semaine, sans qu’ils soient distraits par des trousses, des sacs ou autres.
Voilà donc le détail de ce centre de travail collectif qu’est ma table en U.
Mais rassurez-vous, je n’ai pas choisi ce nouveau mode de fonctionnement uniquement pour elle et pour toutes les valeurs qu’elle véhicule. Les centres développent tout autant de valeurs positives dont une principale et indispensable dans cette nouvelle pédagogie : l’autonomie !
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