Il y a un an, je vous expliquais ici que je comptais adopter la MHM pour mes CP. Déjà à ce moment-là, je vous précisais que j’allais adapter le contenu de la méthode afin que celui puisse être compatible avec ma classe, de l’emploi du temps aux centres d’autonomie. Un an après, qu’est-ce que ça a donné …
Et bien, pour aller au plus vite, je dirai que, un an après, la MHM m’a bien convenue … après adaptations ! 😉
Je l’avais déjà bien « réorganisée » l’été dernier, découpant les séances et modules en fonction des temps d’autonomie aux centres et je pense que cela m’a permis de bien m’en sortir avec cette méthode qui, bien qu’ayant de très nombreux avantages, reste un support d’exploitation relativement difficile à mettre en œuvre.
L’avantage énorme de cette méthode dans le cadre du fonctionnement en centre d’autonomie, c’est la manipulation. Elle est constante et présente pour tous les sous-domaines mathématiques ! Les situations sont diverses et variées et permettent réellement aux élèves de donner du sens aux maths. Bref, moi qui ne porte pas les maths dans mon cœur, j’étais souvent en « panne » d’idées dans ce domaine pour la manipulation et, en choisissant la MHM, j’espérais disposait d’un support qui proposerait de nombreuses situations de manipulation qui me « sauverai » des maths. Pour le coup j’ai été servie et sauvée des eaux !
Sauvée certes mais pas atterri en terre inconnue pour autant ! En effet, de nombreuses situations de manipulation étaient inspirées de jeux ou de méthodes mathématiques déjà existantes dont celle de Picbille que j’utilisais jusque-là. Mais qui dit manipulation dit matériel et rangement. Depuis mon passage en classe flexible je dispose d’un meuble dédié uniquement aux mathématiques. (Je vous l’avais présenté en vidéo par ici mais il a bien changé depuis ;-p). Ce type d’organisation est également recommandé par la MHM et même indispensable. Se lancer dedans sans disposer d’un meuble mettant à la portée de tous l’ensemble du matériel n’est je pense pas du tout envisageable.
Comme je le précisais l’an passé déjà, je n’ai pas utilisé les mini-fichiers de la méthode de la manière préconisée pour plusieurs raisons : la quantité de photocopies nécessaires me faisait tourner la tête tout comme la perspective de mener des séances entières à laisser les élèves faire uniquement du fichier. Si j’abandonnais une méthode en fichier, c’était justement et avant tout pour sortir définitivement du trio « papier-crayon-correction ». J’ai donc absolument revu cette partie de la méthode afin de continuer également dans ma démarche personnelle de dédramatisation de l’erreur. Réaliser l’activité au crayon Woody sur une feuille plastique effaçable en cas d’erreur, c’est bien plus attrayant, motivant et moins stressant que de sortir un fichier-papier. Ces activités étaient réalisées selon les besoins et le temps au centre guidé (avec une correction rapide, en direct) ou parfois au centre de mathématiques quand c’était possible (avec une correction différée grâce à l’appareil photo ou au bac de correction). Dans les deux cas, cela nécessitait de la part des élèves, du partage, de l’entraide, des échanges … ce qui était toujours très enrichissant pour eux comme pour moi.
Et en plus devinez quoi ? Les fiches sont toujours en super état et peuvent repartir pour une nouvelle année d’entraînement. #moinsdepapierutilisé
Les élèves disposaient malgré cela dans leur cahier de la première page de chaque fichier, celle qui indique le nombre de fiche à réaliser. Ils y entouraient leur avancée au fur et à mesure. C’était également pour moi un moyen de suivre l’avancée de chacun et d’avoir un support pour noter des conseils, des encouragements ou autre.
Le fait de suivre les élèves, de les observer, d’échanger avec eux sur les manipulations et de les voir échanger sont des éléments que j’ai beaucoup appréciés dans ce fonctionnement. C’était vraiment à l’opposé de ce que j’avais pu vivre avec des fichiers « clé en mains » et j’en suis la première ravie. Il m’était ainsi facile de remplir le cahier de progrès des élèves, avec les élèves, au fil des séances et des apprentissages.
Comme je l’expliquais ici en vidéo, j’ai également organisé, avant même de commencer la MHM, les séances de manière à ne conserver au centre guidé que les parties « d’apprentissage pur » pour laisser les jeux, les temps d’entraînements, etc … aux centres d’autonomie.
J’ai donc, dès le départ, chamboulée la MHM afin de ne pas mettre de côté une pratique de classe qui fonctionne, me plait et fait ses preuves.
De cette manière, j’ai pu finir la méthode dans son intégralité, chose qui n’aurait jamais été possible sans les centres je pense. En déplaçant certains temps de manipulation et de rebrassage aux centres de mathématiques, j’ai également réduit le nombre de séances de certains modules et, par la même occasion, le nombres de séances dans l’année. Cette réduction était indispensable pour parvenir à tenir l’ensemble dans mes 4 créneaux hebdomadaires de maths. Même si la MHM recommande de faire 5 séances par semaine, pour ma part, c’était clairement impossible d’en placer autant dans mon emploi du temps (en fait si, je pourrais les mettre ces 5 séances, mais, dans ce cas, je sais déjà que je serai sans cesse en stress, pressée par le temps, sur le dos des élèves afin de pouvoir AUSSI boucler les autres disciplines du programme. Et ça, non merci !). J’ai donc conservé mon emploi du temps avec mes 4 créneaux de mathématiques par semaine, mêlant de la MHM guidée et de la MHM autonome.
Un des points qui m’avait énormément plu au départ dans la MHM était le côté spiralaire de la méthode. Il est certes très intéressant pour permettre le re-brassage et l’ancrage des compétences dans la durée, permettant ainsi aux élèves d’avoir du temps pour élaborer une réelle démarche d’investigation et de réflexion. Malgré cela, je trouve aujourd’hui deux petits bémols à cette façon de faire :
D’une part, du côté de l’enseignant : Ayant accueilli plusieurs stagiaires au cours de l’année, j’ai dû leur présenter la MHM au cours de leur stage. Leur tête en voyant le guide du maitre et l’organisation des séances a suffi à me faire comprendre que c’était très compliqué de s’y lancer sans expérience. Il m’a ainsi été très difficile de leur conseiller d’opter pour cette méthode dès leurs première(s) année(s) d’enseignement. Si la méthode fixe des objectifs très généraux et rapides par module, elle ne permet pas de fixer des objectifs clairs et déterminés par séance, élément professionnel qui sera demandé à tout stagiaire pour sa titularisation et même au-delà au cours des nombreuses visites qui jalonneront leur parcours de débutant. De plus, la méthode nécessite également beaucoup de rigueur, d’anticipation et d’organisation ce qui est parfois difficile à mettre en place les premières années étant donné l’ampleur des tâches à réaliser, le stress inhérent aux premiers postes dans le métier mais aussi l’inexpérience qui, loin d’être un défaut, est un fait à considérer.
D’autre part, du côté des élèves : L’engouement pour les mathématiques était très souvent au rendez-vous avec la MHM… mais pas pour tous ! (Remarquez, c’était pareil avant la MHM ;-p). En effet, la méthode est vraiment progressive, pertinente et encourageante notamment pour les élèves ayant beaucoup de mal dans la discipline ou ceux que ne l’apprécient pas (oui car on sait tous que les émotions jouent un rôle important dans les apprentissages !) mais, pour d’autres, le coté spiralaire leur a vite semblé « ennuyant » car ils n’avaient pas, par moment, l’impression d’aller au fond des choses. Ils devaient, je cite, « trop souvent patienter tout le temps pour aller plus loin parce qu’on soit d’abord revoir autre chose ». C’était assez frustrant parfois (pour eux comme pour moi du coup) de devoir (les faire) attendre la prochaine séance de régulation ou le prochain module pour mener la réflexion plus loin. Comme plusieurs élèves se retrouvaient ainsi sur leur faim, j’ai dû pousser ma révision de la méthode plusieurs fois au fil de l’année et modifiant en partie l’ordre des modules/séances pour ce groupe d’élève en particulier afin de ne pas risquer de perdre leur motivation en cours de route.
Cela dit, fonctionner ainsi n’a jamais été compliqué pour moi avec la MHM : un petit post-it sur le guide du maître suffisait à me signaler où je m’étais arrêtée, avec quel groupe, afin de toujours bien m’y retrouver. Ainsi, même si elle prévoit, au travers des séances de régulation, des temps permettant aux élèves d’avancer à leur rythme, un des autres avantages de la MHM en terme de différenciation c’est son côté facilement modulable. (Et heureusement !)
Après un an de recul, j’ai donc pu voir de nombreux avantages mais aussi des points noirs à cette méthode.
Qu’on utilise uniquement un fichier ou de la manipulation, qu’on utilise les deux, qu’on évalue ou pas, qu’on donne des trace écrites ou pas, qu’on donne des devoirs ou pas … Peu importe le sujet, il y aura toujours du bon et du mauvais, de l’avantage et de l’inconvénient, de l’encensement et des critiques, selon les regards et les points de vue.Les remarques ci-dessus sont donc évidemment liées à ma propre personnalité, mon propre ressenti et mes propres aspirations pédagogiques. Elles ne sont en aucun cas des prescriptions à suivre aveuglément. L’expérimentation restera le meilleur moyen pour vous de vous forger un avis personnel qui vous conviendra.
L’année prochaine je poursuivrai donc dans « l’esprit MHM » mais, vous l’aurez compris, sans suivre la méthode à la lettre. Je poursuivrai ainsi avec l’organisation qui a été la mienne cette année et qui m’a personnellement bien convenue.
De plus, si je n’avais pas beaucoup d’idées en termes de manipulation au départ, j’en ai bien plus à présent ! Et comme je suis de nature à faire beaucoup de choses « à ma sauce » afin de ne pas m’enfermer dans du « clé en main » dépourvu de mes propres envies, j’aimerais vraiment les mettre en œuvre avec mes prochains élèves, que je ne connais pas encore certes, mais qui, je le sais déjà, sauront me dicter, sans dire un seul mot, la marche à suivre avec eux. 😉
Laisser un commentaire