L’arbre Ho’oponopono

par

L’arbre Ho’oponopono

Avec mes élèves nous avons poursuivi notre travail sur l’empathie cette période en mettant en place un arbre très particulier sur la porte de notre classe …

Dans l’ouvrage « Aidez votre enfant à développer son empathie » que je vous citais déjà dans cet article, plusieurs activités sont proposées et réalisables en classe.

L'arbre Ho'oponopono

En classe, nous pratiquons déjà des activités de méditation ainsi que le message clair pour résoudre les conflits et amener les élèves à faire le point sur leurs propres émotions.

J’ai proposé cette période à mes élèves de tester le rituel Ho’oponopono cité dans l’ouvrage (en l’adaptant afin qu’il convienne à une organisation de classe).

Ho’oponopono, qu’est-ce que c’est ?

C’est un mot hawaïen qui signifie « corriger ce qui est erroné ». C’est une tradition hawaïenne qui invite au « lâcher-prise » pour nettoyer sa mémoire de tout ce qui la pollue. C’est un moyen pour chacun de se recentrer sur lui-même et sur ses actes pour s’apaiser et rétablir sa paix intérieure.

Tout cela est très symbolique j’en convient. Comme expliqué dans l’ouvrage : Derrière chaque évènement de notre vie se cache une mémoire. Nous pensons prendre les décisions seuls, mais en réalité ce sont souvent des mémoires très anciennes qui nous guident. C’est ainsi que nous construisons notre réalité : en répétant constamment des schémas du passé.

Pour les élèves ayant des difficultés à gérer leur comportement, je trouve que ce passage est révélateur. Beaucoup d’entre eux sont « bloqués » dans un schéma de réactions en chaînes violentes car c’est ce qui les caractérise depuis toujours ou presque. Le monde dans lequel nous vivons ne donne que très rarement une deuxième chance malheureusement et l’erreur (comportementale en tous cas) reste encore trop souvent stigmatisante et emprisonnante.

« On ne nait pas homme/femme, on le devient. » nous dit le proverbe.

Sur le même principe, je pense qu’on ne nait pas violent. Mais on peut le devenir. Volontairement ou non. Consciemment ou pas. Je pense qu’aucun enfant ne nait « mauvais » mais que, malheureusement, beaucoup d’enfants au comportement « inadapté » reproduisent en fait simplement un schéma d’action qu’ils maîtrisent parce que c’est la seule manière d’agir qu’ils connaissent. Les causes et raisons peuvent être multiples et variées mais l’issue mérite être la même pour tous : parvenir à sortir de ce cercle vicieux qui risque, à long terme, de leur causer du tort.

Pour se faire, je pense (comme toujours) que la verbalisation, la mise en mots et l’explicitation sont des clés qui permettront aux enfants de se délier de tout ce qui les emprisonne.

C’est pourquoi cette philosophie du Ho’oponopono m’a beaucoup plu. J’ai décidé de l’adapter pour lui donner vie en classe, en EMC, sous la forme d’un arbre.

La mise en place concrète en classe

Cette tradition, comme dit plus haut, invite chacun à « nettoyer sa mémoire » pour ainsi faire table rase du passé et aller de l’avant vers des horizons nouveaux et plus « glorieux ».

J’ai donc présenté à mes élèves ce terme qui les a fait rire dans un premier temps mais qui, une fois explicité leur a beaucoup plu :

– d’une part parce que c’est un mot hawaïen, donc un mot inconnu qui vient d’une région lointaine du monde. Ils ont été ravi d‘apprendre un mot étranger !

– d’autre part parce que la philosophie de ce mot a eu un écho en eux.

Plusieurs de mes élèves cette année se sentent (je cite) « perdus parce [qu’ils] ne parviennent plus à agir correctement. » Parfois ils « font des choses [qu’ils savent] mauvaises, [ils] se voient les faire, se disent que c’est mal mais n’arrivent pas à s’en empêcher ». Ils font alors du mal aux autres « sans le vouloir vraiment mais sans pouvoir s’en empêcher ».

Une fois le mot expliqué, les langues se sont déliées et certains élèves ont fait un lien avec le message clair.

« En fait, le message clair c’est quand celui qui est dérangé prévient pour aider l’autre à mieux se gérer. Ho’oponopono c’est l’inverse. C’est celui qui a dérangé qui le fait, quand il n’a pas reçu de message clair et qu’il se rend compte qu’il a fait du mal trop longtemps. Ho’oponopono permet de lui soulager le coeur parce que, comme dit ma mamie, mieux vaut tard que jamais. »

Ces mots ne sont pas de moi mais d’un de mes élèves. Je ne peux vous dire lequel bien sûr. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’en ayant entendu CET élève me dire CELA, m’a fait vraiment chaud au coeur. Le chemin pour en arriver là a été long et tordu. La route a faire encore est toute aussi longue mais les progrès sont là. Ne baissons jamais les bras !

Pour poursuivre cette tradition au sein de la classe, j’ai présenté aux élèves les 4 mots à connaître pour procéder au « nettoyage de sa mémoire » :

Désolé

Parole : « Je suis désolé(e) »

Signification : je prends la responsabilité de ce qui se passe

Pardon

Parole : « Pardonne-moi pour ce que j’ai en moi et qui a attiré cela dans ma vie »

Signification : je demande que toutes mes mémoires soient corrigées

Merci

Parole : « Je te remercie »

Signification : Je remercie mes mémoires de se nettoyer pour m’aider à avancer

Je t’aime

Parole : « Je t’aime »

Signification : Aimer ses mémoires pour leur permettre de se dissoudre un peu.

Toute cette « symbolique » n’est pas vraiment accessible pour des enfants de CP. J’ai donc adapté le principe générale des 4 mots à ma classe.

J’ai demandé à mes élèves de s’installer en cercle et demandé à chacun de réfléchir à un acte qu’il a fait, qui a pu blesser quelqu’un de la classe et qui y repense encore souvent à cela aujourd’hui.

Je pensais que les élèves ne verraient pas trop où je voulais en venir avec cette demande mais les volontaires se sont très vite fait connaître et chacun à pu prendre le temps d’aller s’adresser à un camarade pour lui transmettre ses 4 mots qui ont été acceptés par une poignée de main.

On pourrait se dire que c’est facile de faire répéter des mots aux enfants « juste comme ça » mais pas du tout ! Cela n’a pas été facile pour tous de les dire ! Rien qu’à « Désolé », beaucoup ont eu un blocage. Le principe de ces 4 mots est de permettre aux enfants de prendre consciemment la responsabilité de leurs actes ce qui n’est visiblement pas évident pour tous. 😉

Malgré cela, après plusieurs « cérémonies » au sein de la classe, certains élèves ont demandé à renouveler l’exercice auprès d’autres camarades. (Les mêmes dont je citais les propos plus haut … Cela m’en dit plus long sur eux que leur comportement finalement …)

La symbolique de l’arbre

De ces échanges, un problème a été soulevé par certains élèves.

Comment faire pour demander Ho’oponopono a quelqu’un qui n’est pas dans la classe ?

Certains élèves ont rapidement mis en lumière leur difficulté à réaliser l’activité car les personnes à qui ils souhaitaient vraiment s’adresser n’étaient pas présentes (frères, soeurs, copains d’une autre classe, parents …).

C’est alors que m’est venue l’idée (rapide et sur le vif) de faire un arbre à mettre sur la porte de la classe.

Chaque élève a écrit sur un bout de papier le prénom de la personne qu’il a blessé et a, symboliquement, dit les 4 mots à sa feuille. Les bouts de papier étaient mis à disposition de tous et chacun était libre d’en remplir plusieurs, selon ses besoins.

Les feuilles ont ensuite été collées sur l’arbre (fait rapidement par la maitresse et, du coup, très moche ! :-() qui a été affiché sur la porte de la classe.

Pourquoi sur la porte ?

Parce que comme ça les petits soucis passés restent sur le pas de la porte. Ils n’entrent pas en classe et ne peuvent donc pas perturber nos apprentissages.

Pourquoi un arbre et de feuilles ?

Les feuilles sont la marque de la prise de conscience et du pardon demandé. Reconnaître ses erreurs permet d’avancer et de repartir sur des bases plus saines.

Et puis, comme chacun sait, un arbre finit toujours par perdre ses feuilles. Elles seront très vite emportées par le vent, nos erreurs avec elles, bien loin de nous.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Que recherchez-vous ?