Quand j’enseignais au CP, mes élèves étaient répartis en groupes selon les disciplines afin de permettre une différenciation rapide et efficace pour chacun, selon ses besoins mais aussi selon les objectifs des séances. Avec mes PS, j’ai souhaité mettre en place un système semblable.
NB : Pour des raisons de droits d’auteurs, je ne pourrais pas vous partager les différents éléments crées pour ma classe en version « prêts à l’emploi ». J’espère que cet article pourra malgré tout vous aider et vous inspirer. Merci de votre compréhension !
J’ai pu tester et utiliser plusieurs systèmes de gestion de l’hétérogénéité au sein de mes classes et au fil des ans, jusqu’à trouver celui qui me convenait le mieux : les portes-clés.
Mais sur les portes-clés, il y avait des lettres, des pictogrammes, un tableau à double entrée, etc … Autant de freins à l’utilisation de ce système par des enfants de 3 ans qui sont non seulement non-lecteurs mais qui découvrent aussi la vie en collectivité, le système scolaire, le rôle d’élève et j’en passe. Il me fallait donc trouver une autre organisation pour adapter ce système qui me convenait vraiment et me permettait de gagner un temps considérable pour être pleinement disponible pour les apprentissages !
J’ai donc opté pour un système basé sur l’affectif.
Je savais qu’en passant par là, les enfants se prendraient vite au jeu et un rythme serait facilement pris par tous.
J’ai donc misé sur un personnage que mes élèves adorent et câlinent fréquemment : notre mascotte de classe, Kimi la souris.
Mon idée de base était de confectionner à chaque élève SA Kimi, faite avec des éléments précis qui détermineraient ses différents groupes d’activités (hétérogènes ou homogènes).
Etape 1 : Réalisation des éléments visuels
Pour pouvoir mener mon idée à bien, j’ai dû redessiner Kimi en différents éléments : chaussures, couvre-chef, accessoires … que j’ai colorié de différentes façons pour multiplier les possibilités de constitution des groupes.
J’ai donc d’abord retravaillé les dessins de Kimi sur l’application Procreate (merci à m formatrice à distance @un_tour_en_ulis_ pour ses précieux conseils !).
Je voulais pouvoir disposer de chaque élément séparément (visage, casquette, parapluie, seau, etc …).
J’ai aussi dessiné d’autres éléments que je n’ai pas encore utilisé car je n’en ai pas l’utilité actuellement mais qui me permettront de pouvoir adapter le système en cas de nécessité.
Etape 2 : Association des éléments aux disciplines
Une fois les éléments dessinés et isolés, je les ai associés à des domaines d’enseignement en y accordant des images qui me « parlaient » (parce que si les élèves s’y retrouvent c’est bien, mais si la maitresse aussi c’est pas mal non plus … lol).
Par exemple :
- – Les parapluies indiquent le groupe de langage des élèves : L’image mentale utilisée pour faire comprendre l’idée est « Il pleut des mots oranges / violets …».
- – L’accessoire tenu par Kimi indique le groupe de motricité fine des enfants. Ils ont été choisi dans une idée de progression des gestes moteurs :
- Le ballon symbolise la saisie à deux mains
- Le sac à main est tenu à une main mais est fermé
- Le panier est lui aussi tenu à une main mais est ouvert donc Kimi doit être plus précise dans ses gestes pour en rien faire tomber
- Le seau se tient à une main, est ouvert mais permet surtout de construire des châteaux de sable. Il peut être rempli, renversé, etc … Les capacités motrices sont donc bien plus complexes.
- La couleur des bottes indiquent le groupe d’âge des élèves : c’est un élément qui permet de trouver une organisation rapide en début d’année, au moins le temps de bien connaitre les enfants.
- Le couvre-chef (casquette ou chapeau) indique les demi-classes hétérogènes
Etape 3 : Conception des « Kimi » individuelles
Une fois les illustrations réalisées, il m’a été possible de les associer entre elle pour créer une multitude de « Kimi ». Elle a sur elle tous les éléments permettant à l’enfant de trouver et rejoindre son groupe de langage, de motricité fine, etc …
Pour que les enfants puissent « lire » leur Kimi, il fallait qu’elle soit à portée de leur main. Hors en PS, pas de trousse pour accrocher sa carte des groupes. J’ai donc opté pour des tours de cou que les élèves mettent le matin en arrivant. Il leur suffit de regarder leur étiquette pour voir s’ils ont l’élément que j’appelle dessus.
Etape 4 : Apprendre à lire et comprendre sa Kimi
Pour faciliter l’utilisation des cartes, j’ai mené des ateliers de lecture en classe et en salle de motricité.
J’ai par exemple disposé des tapis au sol et y collant un élément (casquette sur l’un, chapeau sur un autre …) et en disant que c’était des bateaux ou des avions pour que Kimi puisse partir en vacances.
Leur tour de cou contenait ainsi une « carte d’embarquement » pour monter sur le bon « véhicule ». Je demandais alors aux enfants de rejoindre celui que leur Kimi devait prendre en vérifiant leur étiquette.
Il a vraiment suffi de très peu de temps pour qu’ils comprennent le principe et pour que ce jeu devienne finalement une routine de gestion de classe efficace.
Une fois ces séances menées, j’ai modifié les étiquettes d’appel : j’ai passé la photo des enfants du recto au verso pour la remplacer par leur prénom et leur Kimi. Ils devaient bien sûr retrouver leur prénom puis aller placer leur Kimi sous le bon élément (parapluie rose, orange …).
Ainsi les enfants jouaient et manipulaient leur Kimi quotidiennement et ils ont retenu leurs groupes d’appartenance. Ils se passent désormais tous des tours de cou sans souci. Ces derniers ne leur sont redonné que quand les groupes se réévalués et donc modifiés. Les habitudes étant alors changées, les cartes sont refaites et les tours de cou remis le temps que chacun consolide ses nouveaux repères.
Etape 5 : La gestion des groupes au quotidien
En PS, nous sommes plusieurs adultes à intervenir auprès des enfants (PE, ATSEM, assistante d’allemand…).
Afin que chacune de nous puisse s’y retrouver, la constitution des groupes est transmise et affichée au tableau près du cahier journal.
Il nous suffit de dire aux enfants « Je vais faire une activité avec les enfants dont la Kimi porte un ballon » pour voir les enfants désignés arriver.
J’avoue qu’en apprenant en juin que j’allais avoir une classe uniquement constituée de « Petits » j’ai eu un gros coup de stress. Je ne les voyais pas capable d’être aussi autonomes et responsables dans leurs apprentissages en étant jeunes. Comme pour mes CP, il y a 8 ans, je me suis trompée ! L’enseignement explicite m’a une nouvelle fois prouvé son efficacité : Rien n’est impossible si on fait les choses en douceur et que les élèves comprennent « pourquoi » et « pour quoi » on met tout cela en place dans la classe.
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