CP, classe flexible et rentrée des classes

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CP, classe flexible et rentrée des classes

A l’approche du « jour dont on ne doit pas prononcer le nom », vous êtes nombreux-ses à m’écrire pour me demander comment je m’organise ce jour là avec le fonctionnement en centres et l’aménagement flexible au CP. Voici donc un petit article qui, je l’espère, saura répondre à vos questions. 😉

Parmi les questions reçues, celle qui revient le plus est :

Est-ce que tu montres les centres dès la rentrée ?

La réponse est non !

En effet, en natation, bien avant de lâcher les élèves dans le grand bain, il faut dans un premier temps les laisser appréhender l’eau, la découvrir puis, seulement ensuite, leur apprendre à nager en leur donnant également des bouées auxquelles se raccrocher en cas de difficulté. Ce n’est qu’après qu’une virée en pleine mer et en solitaire peut être envisagée. ;-p

Ben pour les centres, c’est pareil !

Je laisse d’abord le temps aux élèves de tout découvrir, en douceur, les introduire petite à petit.

Disons qu’il faut penser la mise en place de la pratique des centres comme un frisbee plutôt que comme un boomerang.

Le frisbee, on le lance doucement puis on améliore son geste et sa précision, on l’envoie de plus en loin pour atteindre finalement le but qu’on s’est fixé.

Le boomerang, on peut l’envoyer très fort direct et avoir rapidement les mains libres. Mais le risque de le voir nous revenir en pleine g… (voilà quoi !) est quand même important. 😉

Les centres n’entrent en fonctionnement qu’après une à deux semaines de classe.

Une autre question fréquente a été :

Comment présentes-tu l’aménagement flexible aux élèves ?

A vrai dire, je ne le leur présente pas. Je les laisse me le présenter. 😉

En fait, avant de m’attacher à la mise en œuvre des centres, je me donne du temps pour laisser les élèves découvrir une chose bien plus attirante pour eux parce que plus visible : l’aménagement flexible !

Dès qu’ils mettent les pieds dans ma classe, ils ne peuvent les rater : ballons, tabourets oscillants, ztools, … Autant d’éléments qui attirent directement leur attention … et leur questionnement.

Je les évoque donc très rapidement. Dès notre premier échange, je les désigne et en parle pour les leur présenter et leur expliquer pourquoi la classe propose ce type de mobilier (besoin de bouger, concentration …). Je m’en limite à cela. Je n’aborde pas les règles d’utilisation, l’intérêt de chacun ni rien d’autre car, comme je le leur dis, je veux qu’ils les découvrent par eux-mêmes.

L’organisation de mon temps de classe s’organise autour de cette première découverte durant 2 semaines. Aussi, durant ce temps, pas de binômes, pas de centres, etc …

Je travaille avec un groupe au centre guidé et l’autre partie de la classe réalise une activité aux assises flexibles (une même activité pour tous les élèves en autonomie et par créneau horaire, le plus souvent en lien avec la discipline enseignée au U). 

NB : J’essaye autant que possible de donner à réaliser en autonomie aux élèves des activités qui permettent de faire des évaluations diagnostiques. Ce sont des activités de fin de GS – début de CP qui me permettent de faire le point sur les compétences de chacun sans pour autant me faire perdre du temps d’apprentissage. Les petits « tests » de rentrée sont ainsi effectués d’un côté tandis que de l’autre, je suis vraiment disponibles pour démarrer doucement les apprentissages avec les élèves, échanger avec eux … Je mets également beaucoup en début d’année en autonomie des activités de réinvestissement, de manipulation … (niveau maternelle) que je sais que les élèves parviendront à réaliser sans peine. Le but dans ce cas n’est pas de savoir qui sait quoi mais seulement de donner confiance aux élèves en leur montrant que, même si certaines activités sont plus dures, ils tous savent des choses. 😉

Durant ces premiers temps d’autonomie, je ne leur impose pas une assise particulière (sauf cas exceptionnels liés à des raisons médicales ou comportementales bien sûr !). Je les laisse les tester en douceur, s’en faire leur propre idée.

En fin de journée, nous débriefons les ressentis de chacun et confrontons les points de vue pour montrer qu’on est tous différents dans notre corps (et que pour la tête ce sera pareil et qu’il faudra y remédier en s’épaulant.). Ce temps est aussi l’occasion de rappeler aux élèves que les assises sont là pour servir leur concentration pas leur divertissement, leur rappeler également de tester les assises encore inconnues au fil des jours suivants mais aussi et surtout de laisser les autres les tester, sans les monopoliser.

Avant de mettre en place les centres, on développe nos compétences psychosociales grâce travers l’aménagement flexible. On apprend à partager, à s’écouter, à écouter les autres …

Bref, on apprend à vivre ensemble !

Cela me conduit à répondre à une autre question souvent posée :

Travailles-tu en groupes restreints dès la rentrée ?

Durant ces deux semaines de découverte de l’aménagement flexible par les élèves, il me faut aussi prendre le temps de découvrir mes loulous, tant au niveau personnel (centres d’intérêts, motivations …) qu’au niveau scolaire (état des lieux des compétences de départ de chacun et des compétences sociales/relationnelles pour savoir qui aura besoin d’accompagnement dans la gestion de son comportement par exemple).

Pour disposer de ce temps, je travaille ainsi en groupes restreints et cela dès le jour de la rentrée.

La rentrée c’est toujours un peu étrange comme journée.

On est à la fois enchanté de reprendre le chemin de la classe pour découvrir nos nouveaux élèves (et aussi – même si on ne l’avoue que rarement u même jamais par peur de passer pour des parents horribles – parce que retourner à l’école ça veut dire quitter la maison après deux mois avec nos propres enfants et que gérer NON STOP des enfants pendant 2 mois, ben c’est vachement plus difficile que d’en gérer 25 par intermittence pendant 10 mois ! Donc oui, j’ose le dire haut et fort, l’écrire noir sur blanc et l’assumer quoi qu’il m’en coûte : 2 mois de vacances quand t’es prof, c’est GENIAL mais 2 mois de vacances quand t’es prof ET parent, c’est loooong … Très loooong … Trooooop looooong ! Bref : j’ai hâââââte de reprendre !! ;-p)

Mais la rentrée c’est aussi du stress ! Si, du côté des familles, on entend dire « Oh c’est le premier jour de classe ! Ils vont pas faire grand chose ! », du côté des enseignants, on active le mode « Tétris » pour tenter de faire rentrer tout ce qu’on a à faire dans une seule et même journée !

Entre l’inventaire du matériel que chacun a acheté, la distribution du matériel que chacun doit recevoir, la transmission de la note de rentrée, les mots à transmettre aux parents pour la réunion de rentrée (ce qui, quand tu as devant toi des CP n’ayant jamais vu un cahier ni un stick de colle de leur vie, peut devenir un parcours du combattant sans nom. Du coup, tu passes en mode « Koh Lanta » : tu mets ton bandeau autour de la tête et tu fais tout ce que tu peux pour survivre ce qui finalement te pousse à réaliser l’impossible : coller toi-même les 25 feuilles et redonner un nouveau tube de colle à chaque gamin parce que, bien sûr, ils n’ont finalement rien collé mais, dieu seul sait pourquoi, le tube, lui, est vide ! #lemysteredelarentree) …

Bref, à la rentrée, on n’a PAS rien à faire ! On a TROP à faire dans PAS ASSEZ de temps ! ;-p

Pour ma part, je dois aussi réaliser la visite de l’école (et surtout celle des toilettes si je ne veux pas finir en dépression devant mes CP avant 16h30 le jour J !) car mes élèves y entrent pour la première fois. Il est donc primordial de leur faire visiter ce (grand) bâtiment qui doit les terroriser (d’autant qu’on ne sait pas ce que les grands frères ou grandes sœurs ont pu dire sur l’école et la maitresse durant l’été dans l’espoir d’avoir la paix ! Il faut donc veiller à rassurer tout ce petit monde ! ;-p #casentlevecu).

Le plus dur c’est de mener toutes ces tâches de front ça sans stresser, ni rien communiquer comme sentiment négatif aux élèves parce que les enfants sont des éponges et qu’on risque de le payer le lendemain d’une façon ou d’une autre.

Donc pour rester « zen », je me prépare un programme assez « cool Raoul » histoire de pas me mettre la pression.

Et puis, si je parviens à la boucler, tant mieux ! Si non, demain est un autre jour et il parait même que rien ne se sauve ! (à part la maîtresse après la sonnerie bien sûr … euh non, les élèves …rien ne sauve à part les élèves ! O:-D)

Quoi qu’il en soit, en CP, si je peux me permettre de donner un conseil aux jeunes collègues qui démarrent dans ce niveau : si vous penser pouvoir réaliser une tâche de collage en 15 minutes avec vos élèves dans les première semaines de classe, DOUBLEZ LE TEMPS EN TOUTES CIRCONSTANCES SUR VOTRE CAHIER-JOURNAL ! 😉

Pour me permettre d’être la plus zen possible, je fonctionne donc en groupes réduits dès le jour de la rentrée. J’explique aux élève pourquoi j’ai choisi de fonctionner ainsi et leur explique que le temps qu’ils auront aux assises flexibles sans moi n’est pas un temps de récréation et qu’ils vont y réaliser des activités précises.

Ainsi l’inventaire du matériel se fait en demi-classe : cela me laisse du temps pour faire le point avec les élèves dans le « calme » (oui, les guillemets sont essentiels ! On parle d’enfants le jour de la rentrée quand même. Donc bon, … le calme … L.O.L quoi !). Pendant ce temps, les élèves en autonomie réalisent un petit travail de motricité fine qui consiste à découper de formes pour reproduire le dessin de l’école. (Comme j’en parlais plus haut, cela me permet d’établir sans perdre de temps un petit état des lieux des compétences de chacun en terme de repérage dans l’espace, de découpage et de collage et d’en prendre connaissance le soir devant Netflix avec mon pot de Haagen Dazs … euh non, je voulais dire … dans mon bureau avec ma tasse de café qui me fera tenir jusqu’à 3 heures du mat’ ! [double O:-D] ).

C’est de cette façon que le travail en demi-classe est donc introduit.

Et je dois dire que c’est plutôt efficace et pratique car l’inventaire me prend moins de temps que les années d’avant.

NB : Évidemment, pour cette première expérience de travail au centre guidé, je ne mets pas de minuteur visuel en route. Je me (nous) donne vraiment le temps de tout découvrir ensemble.

De jeunes collègues m’avaient aussi demander

Fais-tu des apprentissages en lecture dès la rentrée ?

En effet, dans ma journée de rentrée, je prévois toujours une petite séance de lecture, même très simple ou incomplète !

Pourquoi « attaquer » direct ?

Uniquement pour faire plaisir aux élèves ! 😉

Imaginez …

Vous avez 6 ans.

Vous allez entrer à la « grande école ».

Papi, mamie, tonton, tata et le reste du monde ne vous parle que de ça depuis des jours, des semaines et même des mois !

Ils sont contents ! Ils sont fiers aussi !

Ben oui !

Vous allez ENFIN apprendre à lire !

C’est un truc de dingue quand même !!

Le monde va vous tendre les bras.

La rentrée au CP arrive et

Visite l’école, inventaire du matériel, découpage, collage, etc … et vous n’avez pas appris à lire !

DE-CEP-TION TO-TALE !

Quelle maitresse de CP n’a jamais entendu, le jour de la rentrée, venant de la bouche d’un-e élève sautillant à la voix remplir d’excitation :

« Maitresse ! C’est quand qu’on apprend à lire ? »

Cela m’est arrivé. Répondre « Bientôt … » ne m’a pas plu (et à l’élève non plus d’ailleurs !). J’ai donc opté pour une solution qui me permettait de répondre « Nous commencerons tout à l’heure » ou « Dès cet après-midi ».

Plutôt qu’un visage déçu, cette phrase me permet d’obtenir un sourire et de l’impatience de pouvoir annoncer à sa famille le soir à table « J’ai fait de la lecture aujourd’hui ! ».

Cela semble peut-être dérisoire mais c’est déjà énorme pour certains loulous !

Je ne sais pas si cela pourra vous intéresser, vous aidez ou autre mais je vous glisse malgré tout ci-dessous mon cahier-journal pour le jour de la rentrée. Bien sûr, il a été organiser en fonction de mes besoins, mes envies et de mes « impératifs » de rentrée mais peut-être pourra-t-il donner des idées à certain-e-s d’entre vous. 😉

NB : Le symbole indique que la séance se fera avec une rotation des groupes durant le créneau horaire.

Les jours suivants s’organiseront ensuite de manière à permettre aux élèves de rentrer en douceur dans les apprentissages tout en développant un climat de classe agréable, de l’entraide et un esprit d’équipe par des petits jeux de connaissance et de coopération, éléments qui seront indispensables pour la mise en place des centres.

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