Il y a quelques semaines j’ai remporté un concours organisé par une instacollègue et j’ai ainsi pu gagner le livre « Comment ne pas être un prof idéal » d’Emmanuelle Piquet. Je n’avais alors jamais entendu parlé de ce livre et j’ai donc eu le plaisir de le lire (je devrais dire, de la dévorer !) en quelques jours (heures … ;-)). Voici donc un petit article juste pour vous présenter cet ouvrage qui m’a beaucoup apporté et qui, je pense, mérite vraiment d’être connu et lu par tous les enseignants.
Avant toute chose, il est important de préciser à qui s’adresse cet ouvrage.
« C’est un livre dédié à tous ces enseignants qui un jour en ont eu assez. A ceux qui ne s’y retrouvent plus dans un métier difficile. »
Emmanuelle Piquet nous invite donc (oui, oui, je dis bien NOUS car chacun de nous connaît des hauts et des bas, des satisfactions et des déceptions, moi comprise, même si je laisse très rarement et très difficilement voir quand ça ne va pas, ici mais aussi en vrai … Ma famille peut en témoigner ;-).) à déculpabiliser et à quitter le professeur idéal qui réside en chaque enseignant et que chacun espère, secrètement ou pas, être/devenir histoire de se conformer à l’image qu’il ou elle avait de lui dans son rêve d’enfant (#casentlevecu).
Une autrice au plus près du quotidien des enseignants
L’autrice, Emmanuelle Piquet, est psychopraticienne et fondatrice des centres Chagrin Scolaire. Elle intervient dans de nombreux établissements scolaires et forme des professionnels aux principes et aux outils de l’école de Palo Alto (plus d’infos sur ce sujet par ici) pour apaiser toutes formes de souffrances.
Cliquez sur l’image pour découvrir son interview par le Café Pédagogique !
Un synopsis plus que parlant
Lorsque j’ai découvert l’ouvrage à sa réception, j’ai (évidemment) lu la quatrième de couverture. Voici ce qu’elle dit :
Un prof idéal s’adapte à chacun et ne laisse aucun élève au bord du chemin.
Mais il finit également le programme.
Un prof idéal est motivant et chaleureux, tout autant qu’exigeant et ferme.
Un prof idéal sait se faire apprécier et dans le même temps respecter.
Un prof idéal est donc un excellent candidat au burn-out.
Dans ce livre déculpabilisant, qui dépeint avec beaucoup de justesse, d’empathie et d’humour les situations problématiques les plus courantes – classes démobilisées, élèves perturbateurs, harcelés ou en échec, parents démunis ou agressifs… -, Emmanuelle Piquet propose des stratégies de résolution inédites pour aider les enseignants à se libérer de la pression, à sortir des souffrances relationnelles et à retrouver à la fois de l’oxygène et de la souplesse.
J’avais déjà une pile de lectures en attente sur le meuble de mon salon mais, tant pis ! Au moment précis où je l’ai lu, étant donné mon état d’esprit du moment et les tragiques évènements du monde de l’éducation que relatait l’actualité, ce descriptif me parlait trop pour me priver de m’y plonger dans les plus brefs délais.
Un sommaire qui console les déceptions tout en donnant de l’espoir
L’élément principal de l’ouvrage est la proposition du « Virage à 180° ». Ce virage est le fruit d’un long travail rigoureux et subtile, une méthode proposée par l’autrice, qui part d’un principe fondamental :
C’est souvent ce que nous mettons en place pour résoudre un problème qui l’aggrave. La solution pour se changer la vie existe : elle se situe à exactement 180°.
Un virage subtil que l’auteur nous fait découvrir au travers de situations de classe, de témoignages d’enseignants, d’élèves et de parents.
La première partie porte sur les « injonctions qui paralysent », autrement dit, toutes ces petites pressions (conscientes ou non) que chacun s’inflige pour « bien enseigner » (au risque de se fatiguer, de s’épuiser, ou pire malheureusement. :’-( )
– Je dois m’adapter
– Je dois me faire respecter
– Je dois me faire apprécier
– Je ne dois laisser aucun élève sur le bord de la route
– Je dois faire en sorte qu’il n’y ait pas de violence
– Personne ne doit savoir que je n’y arrive pas
La seconde partie présente des histoires d’élèves, de la difficulté à la phobie scolaire, autant d’éléments devenus (trop) souvent quotidiens et difficiles à gérer mais, de ce fait, toutes plus parlantes les unes que les autres.
Après s’être attardée sur l’enseignant et sur ses élèves, l’autrice se penche sur le troisième angle du triangle éducatif : les parents, de ceux qui rejettent la faute sur l’école à ceux qui perdent pied et recherchent de l’aide. Chaque cas présenté parlerait à n’importe quel enseignant.
Enfin, la quatrième et dernière partie propose une marche à suivre, simple, claire et visiblement efficace (étant donné le contenu du livre et ce que j’ai déjà pu moi-même voir dans certaines écoles au fil des années …) pour aider et être aidés quand la souffrance et l’impuissance sont trop vives face aux classes, aux élèves, aux parents.
De la personne qui souffre à la mise en œuvre de l’action la plus adaptée à chaque situation en passant pas de multiples autres questions essentielles pour bien prendre en compte chaque élément d’une situation donnée, le lecteur peut disposer ensuite d’une démarche qui pourra l’aider face aux difficultés du métier.
Un livre qui m’a parlé plus que jamais
Outre le fait que chaque page, chaque ligne, chaque mot de ce livre me faisait ma dire « C’est moi ça ! » ou « Ah oui, je sais ce que c’est ! J’ai vécu ça ! » ou même encore « Cela me rappelle ma collègue il y a X années ! », le livre m’a beaucoup plu par sa franchise, son honnêteté et sa prise en compte de la réalité du terrain.
Loin de vouloir vendre une « méthode miracle », il ne présente pas uniquement au lecteur des situations de réussites. Ce n’est donc pas un ouvrage de « rêve en barre » mais bien un ouvrage qui (re)donne espoir à chacun en proposant des pistes concrètes permettant de prendre du recul, d’analyser les situations avec sérénité afin de tenter d’améliorer les choses plutôt que de risquer de les empirer en laissant nos actes se faire guider par nos propres habitudes, nos plus profonds désirs, nos valeurs les plus fortes, …
De toutes ces pages, celles relatant l’histoire d’une jeune collègue débutante nommée en SEGPA et devant faire face à de nombreux doutes, craintes, difficultés, etc … est celle qui a fait le plus écho en moi. J’avoue même avoir versé mes p’tites larmes tellement ce passage m’a ramené quelques années en arrière. Je me revoyais découvrir la nomination, le collègue, la classe, les élèves, … sans savoir quoi faire et avec le sentiment qu’on me demandait de réussir là où tant d’autres avaient échoué jusqu’ici. Des instants qui me semblaient insurmontables mais qui ont finalement, avec le recul, été les plus beaux et les plus formateurs de toute ma carrière.
Pourquoi ?
Parce qu’à ce moment-là déjà j’ai pu bénéficier d’une « clé » essentielle à chaque enseignant et si magnifiquement mise en avant dans l’ouvrage : le travail d’équipe !
Chaque situation de l’ouvrage met un point d’honneur à mener les « combats » en équipe, à chercher des solutions ENSEMBLE dans l’intérêt de tous.
« Un pour tous et tous pour un ! »
Si bien souvent je préfère la phrase « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ! », je trouve cette devise des Mousquetaires d’Alexandre DUMAS plus adaptée cette fois mais tout aussi pleine de sens.
Je profite ainsi des ces dernières lignes pour remercier très chaleureusement mes collègues d’hier et d’aujourd’hui pour tout ce qu’ils/elles m’ont apporté(es) au fil des années. Des conseils à l’expérience en passant par les fous rires et le soutien (tant d’oreilles pour écouter et tant d’épaules pour pleurer m’ont accueillies les premières années face aux premiers postes non-désirés …).
Bref. Pour tout cela, MERCI !
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