Bilan d’une année avec Epopia

par

Bilan d’une année avec Epopia

Comme vous avez déjà pu le lire dans cet article, j’ai réalisé cette année un projet d’écritureS principalement basé sur les courriers d’Epopia. Comme vous avez été nombreux et nombreuses à m’écrire pour connaître mon retour spécifique sur cette aventure, je prends le temps de rédiger un article dédié uniquement aux échanges avec Epopia, hors du contexte de projet annuel qui était le mien, en espérant que cela pourra vous permettre d’y voir plus clair.

Si vous vous lancez dans un projet avec Epopia, voici déjà les éléments principaux à connaître.

Epopia n’impose rien,

vous pouvez créer l’aventure que vous souhaiter en fonction de votre projet, de votre budget et selon ces propositions :

Bilan d'une année avec Epopia

Pour ma part, comme je souhaitais mener un projet sur l’année, j’ai opté pour l’offre avec 6 envois qui était complète sans être exclusive :

En effet, durant l’année, je n’ai pas fait QUE de l’écriture en lien avec Epopia. Nous avons mené différentes activités et projets de production d’écrits à côté sans pour autant délaisser cette aventure de départ. Je m’organisais simplement pour « bloquer » certains créneaux de travail sur une semaine à l’arrivée de chaque courrier.

Un point qui me posait question en me lançant dans cette aventure a été :

« Comment vais-je faire pour anticiper et préparer mes séances de production d’écrits si je découvre les supports de travail en même temps que les élèves ? »

Mais Epopia a pensé à tout !

En tant qu’enseignant de la classe, nous disposons d’un accès à espace personnel dans lequel il est possible d’accéder à tous les courriers dès leur envoi. Ainsi, je peux lire les courriers des personnages grâce à internet, quelques jours avant qu’ils n’arrivent dans la boîte aux lettres de l’école. Je peux ainsi anticiper mes séances, préparer les réflexions à mener pour guider mes élèves lors des votes et des débats en EMC tout en préservant la magie de la découverte de l’enveloppe et des courriers. (Je peux ainsi me concentrer sur ma performance théâtrale en travaillant mes expressions de suspense et de surprise pour les prochains Oscars de la pédagogie. ;-p)

Voici un petit aperçu en images de l’espace réservé à l’enseignant …

La correspondance EPOPIA
La correspondance EPOPIA

De même, il est possible de déposer les courriers sous format numérique dans ce même espace afin de gagner du temps dans l’échange des courriers et de réduire les frais d’envois.

Avec mes élèves nous avons ainsi réalisé le premier courrier que nous avons déposé à la Poste sous enveloppe cachetée par nos soins. Pour les envois suivants, nous préparions l’enveloppe et je me chargeai de l’envoi : l’enveloppe était mise dans mon sac à main afin d’être conduite à la Poste après la classe mais la réponse des élèves était en fait envoyée aux équipes d’Epopia par voie numérique (oui parce que se rendre à 25 à la Poste pour envoyer une lettre, 6 fois dans l’année, c’est quand même un peu compliqué niveau logistique …).

Un point non-négligeable est que chaque envoi contient également une fiche-réponses qui permet de synthétiser les questions auxquelles les enfants vont devoir répondre. Comme ça, si un jour nous étions pris par le temps parce qu’on ne peut pas toujours tout anticiper et tout faire, cette petite fiche-réponse permet de « sauver les meubles » et de rédiger une réponse rapide qui assouvit l’envie des enfants.

Epopia n’a pas été une activité EN PLUS du programme mais un support qui permettait de les mettre en œuvre.

J’ai pensé Epopia comme un moyen d’avancer dans le programme du CP de façon ludique. L’aventure a trouvé sa place dans mes programmations annuelles et dans les différentes disciplines en lien avec elle. Cela n’a donc pas été une source de travail supplémentaire qui s’est ajouté à un programme déjà très chargé mais, au contraire, comme une source pertinente d’activités développant de nombreuses compétences des programmes et du socle. Epopia s’est donc totalement intégré à ma pratique de classe et aux attendus de fin de CP et du socle commun.

Le CP est un niveau de classe faisant partie du cycle 2 aussi connu sous le nom de « cycle des apprentissages fondamentaux ». Le premier de ces apprentissages (et enjeux !) est la lecture. Lire est une activité complexe qui se compose de nombreuses compétences différentes allant du décodage à la fluence en passant par la compréhension.

Avec l’aventure Epopia, les élèves ont été plongés dans la nécessité de la lecture-compréhension. Si l’automatisation ne fait pas partie du projet de départ, elle peut y être rattaché en prenant les mots ou phrases des lettres comme support d’apprentissages. En lisant les lettres, les élèves sont amenés à analyser le texte pour comprendre la situation et argumenter pour trouver comment se sortir de la situation.

 C’est une fois la lettre lue que le deuxième enjeu du cycle 2 peut se développer de façon active : le respect d’autrui. En effet, la lettre ne s’adresse pas à un seul élève mais à une classe. L’EMC est donc une discipline qui a une place essentielle dans l’aventure Epopia : débat, discussion, confrontation des points de vue, vote … sont autant d’activités à pratiquer en classe et qui résonne dans la tête et le cœur des élèves qui font rapidement le parallèle avec la « vie d’adulte ». La classe devient donc plus que jamais un microcosme de la société qui attend les élèves à la fin de leur parcours scolaire.

Le projet Epopia a été facile à mettre en place, même (surtout !) en CP alors que les méthodes de lecture occupent une grande partie de l’emploi du temps.

Pour le mener il suffit de prévoir les différents temps d’exploitation dans son emploi du temps :   

– penser le projet comme une lecture suivie permet d’inscrire Epopia sur le créneau de littérature/compréhension

J’ai également choisi d’aller plus loin que la simple correspondance avec le projet Epopia. Mes élèves ont ainsi dû passer des lettres à la narration en écrivant le livre des aventures de leur Royaume. En parallèle des courriers, les élèves sont ainsi devenus des conseillers royaux auteurs et illustrateurs. Leur livre a été crée en version papier grâce à Mon Livre Calamagui et en version numérique grâce à Pit&Pit. Cette dernière version a permis de développer, au-delà des compétences du langage écrit, celle du langage animé. Les illustrations figées du livre sont devenues des animations entièrement pensées par les élèves et permettant d’offrir un autre moyen de compréhension.

–          Pour les réponses aux lettres, je coupais les séances sur deux disciplines distinctes :

o   EMC : pour débattre et déterminer les réponses à envoyer

o   Production d’écrits : pour rédiger le courrier (collectivement ou en groupes au CP puis de plus en plus individuellement pour les grandes classes avant une mise en commun par l’enseignant par exemple)

Epopia a permis à mes élèves d’avoir envie de lire mais aussi et surtout de « créer du lien ». La lecture et l’écriture sont deux éléments indissociables. L’un ne peut pas aller sans l’autre et c’est ce que les élèves doivent saisir le plus vite possible pour entrer dans les apprentissages avec intérêt. Lors des temps de lecture-phonologie et d’étude de sons, les élèves proposaient ainsi des mots de vocabulaire lus dans les lettres. En production d’écrits, ils n’avaient plus peur de laisser aller leur imagination en proposant des sorts ou des formules magiques inventées.

Epopia ne remplace pas une progression d’apprentissage de la lecture mais met en place les conditions nécessaires pour lier le lire et l’écrire. L’intérêt de ses activités est, a été et restera toujours la communication. Même à l’ère du numérique et des vidéos ou l’image a une valeur forte, l’écrit ne perd pas de son utilité. Il est indispensable de savoir lire et écrire aujourd’hui et Epopia permet de le mettre en avant.

Mais Epopia a aussi des « effets secondaires » incroyables !

Ce que j’ai déjà pu apprécier depuis le début de cette correspondance c’est l’effet fédérateur qu’elle a sur les élèves. Si, au départ, il a été difficile pour eux de réfléchir ENSEMBLE et décider ENSEMBLE des décisions à prendre ils se sont rendus compte que leurs choix avaient des conséquences, qu’on ne peut pas prendre de décisions « à la légère », juste parce que cela nous chante. Chacun d’eux est conseiller royal à part entière ce qui implique que chacun d’eux a son mot à dire. Ainsi, il a été nécessaire de mettre en place un système de vote pour prendre les décisions, le choix de la majorité devant être respecté.

Et oui ! Avec Epopia, les élèves deviennent de vrais petits citoyens en herbe !

De plus, les élèves ont pu constater que le fait d’être plusieurs à gouverner et à prendre des décisions, cela permet de discuter, de confronter les idées et les points de vue, de découvrir des éléments auxquels nous n’aurions pas pensé personnellement. Cette expérience permet à mes élèves d’être plus à l’écoute de leurs camarades ce qui, dans des contextes de classe un peu difficile, où les relations entre élèves peuvent parfois être tendues pour diverses raisons, l’aventure Epopia peut offrir un solution de « repli » permettant aux élèves d’entrer dans la résolution de conflits, dans l’empathie … de manière détournée, en centrant la réflexion sur des problèmes extérieurs à la classe mais qui pourront servir de base pour une transposition future au quotidien des élèves.

Alors, oui, à me lire vous devez vous dire que je n’ai rien à reprocher à Epopia. Et pourtant ! ;-p

Ils ne sont pas nombreux mais j’ai pu repérer quelques petites ombres au tableau :

Tout d’abord, la longueur du texte : en CP et même en CE1, il est impossible pour les élèves de découvrir les lettres en autonomie. La lecture a donc très souvent été faite collectivement parce que la taille du texte faisait peur aux élèves.

Un autre point qui est à la fois positif et négatif, c’est le fait que chaque envoi contienne trois lettres de trois personnages différents. Cela permettait aux élèves de voir trois types d’écritures différents car chaque personnage a son « petit caractère » spécifiques et sa propre manière de parler ce qui permet également de mener une première approche des différents registres de langage et d’ouvrir leurs horizons. Là où il s’est avéré parfois problématique c’est que chaque personnage donnait des informations différentes sur un même évènement : l’un parlait du début, l’autre de la fin, etc … Il fallait donc recouper les informations pour bien saisir le sens de ce qui était raconté, tout remettre ensemble pour avoir la trame complète de l’événement avant de pouvoir en discuter.

Les courriers contenaient aussi des exercices d’arts visuels proposés par le chevalier Mordau. Ces activités étaient toutes toutes géniales car elles permettaient de construire pour chaque enfant, au fil des courrier, une armure ! Mais voilà, une armure entière par élève à l’échelle d’une classe c’était juste ingérable et je ‘ai personnellement pas réussi à mener toutes les activités proposées avec les élèves.

 Mais, tous ces points un peu sombres ne seront bientôt plus d’actualité … 😉

J’ai pu leur soumettre mes remarques il y a quelques semaines et je peux vous dire que l’équipe d’Epopia est réellement à l’écoute de l’avis des enseignants ! En effet, quelques jours plus tard, j’ai reçu un mail avec des propositions d’idées prenant en compte les remarques dont je leur avait fait part afin de tenter d’adapter encore plus les aventures Epopia au milieu scolaire et à la différenciation au sein des classe.

Et ces idées sont justes TO-PIS-SI-MES !!!!

Bref, je ne peux vous en dire plus sans risquer de SPOILER les belles nouvelles qu’à Epopia vous prépare donc je vais m’arrêter là et vous laisser en suspens … lol

Pour ma part, si je devais résumer Epopia en seul mot ce serait « Motivation ». Ce projet en a suscité énormément dans ma classe et cela dès la première lettre ! Le fait de devoir débattre, réfléchir ensemble, voter pour prendre des décisions … tout cela a permis de créer une réelle cohésion de groupe et c’est ce qui a donné de la force et de la motivation aux plus réservés et aux moins enjoués.

Le meilleur témoignage de la motivation qu’à engendré Epopia a été l’effet de la dernière lettre du Royaume sur les élèves. Quand j’ai eu fini de lire cette dernière lettre aux enfants, qu’ils ont compris que c’était la fin de l’aventure et qu’ils ne recevraient donc plus de courrier de Bellegadar, Grougui et Mordau, la moitié de la classe est partie en sanglots. C’était un réel drame pour eux ! Ils se consolaient les uns les autres, me demandaient si c’était vraiment sûr et certain qu’ils ne pouvaient recevoir de nouvelles d’Uniona, etc …

C’est quand tout est fini qu’on comprend à quel point cela a compté.

Pour mes élèves, c’est pareil ! Ils avaient réellement adoré ce projet, peut-être même sans s’en rendre compte. Mis à la fin, ils ont compris l’importance qu’il avait pour eux. Et cela se voyait ! (si bien que maitresse y est allée de sa larmichette … mais ça reste entre nous hein ?!)

Donc si un jour vous avez la possibilité de vous lancer dans l’aventure Epopia, je n’aurais qu’un seule conseil à vous donner :

FONCEZ !!

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Que recherchez-vous ?