J’ai assisté il y a quelques jours à une animation pédagogique portant sur la production d’écrits. Elle était animé par un des conseiller pédagogique de ma circonscription ainsi que par une collègue enseignant dans une école voisine et ayant expérimenté une nouvelle pratique : les ateliers dirigés d’écriture.
« Vous n’avez pas ramener de copies à corriger avec vous ce soir ? Cela tombe bien, on en a pour vous ! »
Voilà comment a démarré cette animation pédagogique.
Nous nous sommes tous retrouvés avec deux copies d’élèves (portant sur le même sujet de départ) à corriger.
Deux copies très différentes tant sur le fond que sur la forme.
Nous avons tous sortis nos stylos et c’était parti !
« Mmmh … aloooors … Ah ! Un accord oublié … Oh ! Un signe de ponctuation manquant ! … Mais qu’est-ce qu’il a valu dire là ? … »
Bref, on a tous corrigé bien comme il faut ! … OU PAS !
A la fin de cet exercice, après mise en commun de nos réponses, le verdict est tombé :
« Vous avez corrigé ces copies en vous basant sur l’étude de la langue, pas sur la production d’écrits ! »
C’est alors que notre collègue de circonscription a enchaîné en nous disant que c’est justement parce qu’elle faisait la même chose, qu’elle passait un temps considérable à corriger (pour un résultat et des effets discutables) qu’elle a décidé de se documenter pour faire évoluer a pratique.
« Les élèves soufflaient quand ils entendaient le mot « rédaction », je ne voulais plus de cela ! »
Et c’est alors que nos formateurs nous ont présenté le livre de Dominique Bucheton « Refonder l’enseignement de l’écriture ».
« Un livre pas très facile à lire mais dont la partie pratique est d’une richesse considérable. »
Pour l’avoir lu depuis, je ne peux que confirmer ces propos. 😉
Et dans cette partie pratique du livre est développé le cas des ateliers dirigés de production d’écrits.
Différentes pratiques allant du CP à la Terminale y sont très bien développées également mais, par souci pratique et par manque de temps, je ne présenterai dans le diaporama ci-après que la partie visant les ateliers.
Cette pratique m’a fortement intéressée car elle est basée sur des remarques et des constats que j’ai moi-même faits et, surtout, elle réunit tous les éléments d’une pratique d’enseignement qui me plait, mettant en avant la coopération entre élèves, l’échange, la réflexion commune, le travail en groupe restreint …
En résumé …
Elle consiste à pratiquer la production d’écrits en petits groupes de 5 à 7 élèves, une demi-heure par semaine (et par groupe). Chaque séance se découpe en 3 phases très précises d’une dizaine de minutes ayant chacun un objectifs précis.
Mais là où tout change considérablement (en tous cas pour moi !), c’est dans la correction !
Fini les feuilles illisibles car pleines de soulignements, d’encadrements, de points d’interrogation ou autres ! FI-NI !
A la place, on prend le temps de lire le fond de ce que les élèves ont écrit ! Et on lit vraiment !
« Est-ce que l’on comprend l’histoire ? Est-il allé assez loin ? A-t-il respecté les consignes d’écriture ? Etc … »
Ensuite, on cherche une « remarque de réécriture » que l’on note en bas du texte produit sous forme de question ouverte du type :
« Ton personnage est-il en train de rêver ? », « Où va l’héroïne après avoir trouvé cet objet magique ? »
Et cette remarque, dont le but premier et de faire réfléchir les élèves pour qu’ils améliorent leur production, sera lue aux élèves avant qu’ils ne se lancent dans un deuxième jet.
Sera LUE !
C’est élément très important car, en effet, les élèves ne pourront pas lire la remarque eux-mêmes ! Elle sera notée sur leur 1er jet mais ils n’y auront plus accès !
Pourquoi ? Pour éviter que les élèves ne fassent « que » rallonger leur texte par des ajours d’éléments ou qu’ils ne fassent « que » corriger les fautes d’orthographe qu’ils pourraient voir.
Ils devront vraiment améliorer leur texte en le réécrivant du début à la fin.
Cette pratique remet en question non seulement l’élève, son travail, le regard à porter sur les productions, la correction mais aussi la posture de l’enseignant. J’ai d’ailleurs retrouvé dans ce dispositif des éléments de la pratique des centres d’autonomie : le lâcher-prise, l’accompagnement …
Ce dispositif demande à l’enseignant une remise en question considérable mais, je pense, nécessaire aux apprentissages et aux progrès des élèves.
Je ne sais si tout cela sera aussi clair pour vous par écrit que cela ne l’a été pour moi en formation. Quoi qu’il en soit, je mets à votre disposition les notes prises durant l’animation pédagogique en question que j’ai ensuite associées à celles prises lors de la lecture de l’ouvrage de Dominique BUCHETON.
Si cet article méritera d’être réorganisé et amélioré sous peu, une chose est sûre pour moi :
je me lance dès l’an prochain dans les ateliers dirigés d’écriture ! 😉
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