L’été dernier, j’avais pu découvrir la démarche d’éveil à la diversité linguistique Makoo sur le stand des éditions Nathan au KED23. J’avais été séduite par l’ensemble de la réflexion pédagogique qu’elle cachait et rêvait de pouvoir la tester en classe avec les GS. J’ai eu la grande chance de gagner un concours organisé par Nathan et Bookinou en début d’année scolaire et de faire entrer Makoo dans ma classe pour le plus grand plaisir des élèves … et du mien !
L’éveil à la diversité linguistique à l’école maternelle
« Par les activités ludiques et réflexives qu’il mobilise, l’éveil à la diversité linguistique contribue au développement de la conscience phonologique et du langage oral, à la consolidation de la maîtrise du français et à l’ensemble des objectifs de l’école maternelle ».
C’est en ces termes que les Programmes d’enseignement de l’école maternelle (BO n° 25 du 24 juin 2021) évoquent l’éveil à la diversité linguistique.
Le récent guide Eduscol paru sur le sujet précise qu’il constitue ainsi l’étape initiale d’un continuum d’apprentissage des langues vivantes qui se poursuivra tout au long de la scolarité et ne doit pas être confondu avec un enseignement de langue vivante.
L’éveil à la diversité linguistique a pour objectif premier de sensibiliser les élèves à l’existence des langues et à leurs différentes sonorités. À ce titre, il n’est pas nécessaire pour l’enseignant de maîtriser les fondements didactiques de l’enseignement d’une langue étrangère ou régionale ni de la parler couramment.
Mais alors comment faire pour éveiller à la diversité linguistique ?
C’est à cette question qu’Anne-Marie Voise et Cécile Cassat ont tenté de répondre en créant Makoo !
Qui est Makoo ?
Makoo est un petit singe qui vit et fait vivre de magnifiques voyages aux élèves. Il est l’élément de base, le héros, de toutes les séances et de tous les rituels d’éveil linguistique de la méthode « Le tour du monde de Makoo ».
Cette peluche toute douce est attachante et créé un environnement affectif rassurant pour les plus petits. Grâce à des petits dialogues courts, des comptines ou des devinettes, Makoo échange et interagit avec les élèves pour les encourager à s’exprimer en français et dans 6 autres langues : anglais, espagnol, arabe égyptien, drehu, hindi et la LSF (langue des signes française).
Les principes de la méthode
« Dans nos classes, nous souhaitons transmettre l’idée que la diversité des langues et des cultures enchante l’oreille, le regard et les papilles. »
Voici donc la volonté première des autrices de la démarche pédagogique Makoo :
– Anne-Marie Voise : Docteure en linguistique anglaise, maître de conférences en didactique des langues (INSPE de Créteil). Elle mène des recherches en didactiques des langues, en particulier sur les apprentissages précoces.
– Cécile Cassat : angliciste et professeur des écoles
Leur approche des langues se veut être inter-disciplinaire et multi-sensorielle.
Le contenu de la méthode
La méthode se compose de plusieurs éléments :
– un album chevalet à manipuler pour découvrir l’histoire avec les élèves : Ce chevalet est de très grande taille pour être bien visible et attrayant. Il contient tous les supports des séances (illustrations, photos, QR codes d’accès aux contenus audios ou vidéos). Lorsque je l’utilise, je le place sur une étagère magnétique large fixée au tableau afin que le chevalet soit bien vu de tous les élèves.
– une version numérique du chevalet sur l’application Bibliomanuels pour faciliter encore plus l’utilisation de la méthode en cas d’équipement numérique accessible. Découvrez la version démo ICI
– un guide pédagogique clé en main détaillant les 100 séances quotidiennes et donnant les traductions des dialogues et comptines pour faciliter l’exploitation par les enseignants. Vos pouvez en feuilleter un extrait ICI.
La peluche de Makoo et son sac à dos ne sont pas indispensables (ce qui permet de satisfaire les budgets plus réduits) mais permettent de compléter la méthode et de rendre les séances plus vivantes, attractives, ludiques et pleines de sens.
La programmation de la méthode
Synopsis : Makoo est triste ! Il a perdu son doudou ! Il décide de partir à sa recherche avec l’aide de la classe pour le retrouver.
« Le tour du monde de Makoo » s’organise ainsi en 5 temps sur l’année avec la découverte d’un continent, d’un pays et d’une langue par période.
Seule la Langue des signes française est utilisée tout au long de la méthode pour initier les élèves à hauteur de 6 mots par période.
(NB : Pour ma part, j’utilise la LSF en classe depuis plusieurs années et je suis totalement convaincue de son intérêt dans les apprentissages dès le plus jeune âge. C’est notamment ce choix de la part des autrices qui a obtenu toute mon attention lors de la présentation l’été dernier.)
Chaque langue est découverte sur 5 semaines à raison de 4 séances par semaine (soit 20 séances au total par pays).
Les séances ne durant que 5 minutes, elles sont rapidement menées et permettent de réactiver les connaissances très souvent pour une meilleure mémorisation.
Chaque pays est découvert à travers différentes ressources :
– l’histoire vécue par Makoo (en randonnée comme de nombreux albums connus des élèves ce qui permet faire du lien). Les textes sont courts avec des similitudes d’un pays à l’autre ce qui encourage les élèves à développer des stratégies de compréhension.
– une comptine dans la langue du personnage rencontré par Makoo : les images permettent aux élèves de réfléchir à la signification possible de la comptine ce qui permet, là encore, des développer des compétences non seulement linguistiques mais aussi de pré-lecteur.
– des activités phonologiques pour découvrir des sons nouveaux, non utilisés en français !
– des devinettes, des photos de voyage et des activités manuelles pour découvrir la culture du pays visité
L’espace Bibliomanuel dédié à la méthode donne accès à des très nombreuses ressources pour faciliter l’exploitation à l’enseignant tout en lui permettant de disposer des éléments nécessaires pour créer ses propres supports.
J’ai par exemple utiliser les images mises à disposition par les autrices pour créer un « carnet de voyage » que nous complétons avec les élèves au fur et à mesure des découvertes de Makoo (je vous en glisse un aperçu ici mais ne pourrai pas vous le partager pour une question de respect du droit d’auteur).
Nathan s’est également associé à Bookinou pour développer l’accès aux ressources en autonomie. Comme je dispose d’une conteuse en classe, cela me permet de transférer l’ensemble des contenus oraux de la méthode sur la conteuse de ma classe pour que les enfants puissent les réécouter en autonomie.
Retour d’utilisation
Actuellement, les GS visitent la Nouvelle-Calédonie avec Makoo. C’est le 4ème pays qu’ils visitent et je ne peux que constater l’évolution non seulement dans leur envie de pratiquer des langue étrangère mais aussi dans leurs stratégies de compréhension orale et/ou écrite.
Lors de la découverte du premier pays, ils ont été directement captivés par le petit singe. La panique à pris le dessus quand ils ont constaté qu’ils ne comprenaient pas la langue de Hulla (anglais). Ils se sont dit qu’ils ne pourraient jamais aider Makoo à retrouver son doudou. Ils ont finalement gardé et gagné confiance au fil des séances. En ouvrant leurs yeux et leurs oreilles ils ont commencé à repérer des sons connus et faciles à prononcer. Ils ont aussi pu faire du lien avec des mots connus ou déjà vus pour réussir finalement à comprendre et parler l’anglais.
Il en a été de même avec l’espagnol ensuite qui utilise un alphabet similaire au nôtre mais pas le même système de ponctuation. Cela a été l’occasion de mener des échanges très enrichissants avec les élèves sur le sujet et sur leurs connaissances de bases (déjà très nombreuses !).
Le séjour en Egypte a été celui qui a remis en question toutes les connaissances : les enfants se sont retrouvés face à un alphabet inconnu, des sons vraiment nouveaux, un système de salutations différent du français … Ils ont donc dû faire preuve de beaucoup d’observation et d’écoute pour découvrir cette nouvelle langue et modifier leurs stratégies de compréhension.
A présent, rien qu’en voyant un texte écrit dans une langue étrangère, ils arrivent à dire et à justifier (et c’est de loin l’étape que je préfère !) si la langue découverte :
– utilise un alphabet ou une ponctuation similaire aux nôtres ou non
– intègre des accents ou des lettres nouvelles
– s’écrit dans le même sens que le français ou pas
– emprunte ou prête des mots au français
et j’en passe !
La classe a également participé au concours de la « Comptine d’or » organisé par Bookinou et Dulala. Quand le projet leur a été proposé, ils ont de suite choisi d’écrire une comptine faisant intervenir Makoo (français), Hulla (anglais) et Fuchsy, la mascotte utilisée lors des cours d’allemand. Au fil des séances, j’ai pu constater avec bonheur à quel point ils avaient acquis du vocabulaire dans les langues étudiées ou juste abordées en classe : choix du thème (arc-en-ciel), recherche du vocabulaire connu et maîtrisé (couleurs, météo, verbes …), association des mots pour créer des rimes … Ce projet a vraiment été motivant et porteur de sens pour eux.
Le concours est désormais terminé, la comptine envoyée. Il ne nous reste plus qu’à croiser les doigts ! Quoi qu’il advienne, ils auront passé un agréable moment et appris énormément au contact de Makoo et des ses amis.
Bref, je pense que vous l’avez sûrement compris, après 8 mois passés auprès de Makoo, les élèves et moi sommes totalement conquis et n’attendons qu’une chose : qu’il retrouve son doudou ! Cette méthode aussi utile que pratique et aussi intéressante qu’enrichissante me prouve chaque jour quels effets positifs elle a sur le développement des compétences des élèves, en éveil linguistique mais aussi en français !
A présent que j’ai pu bien découvrir la méthode et m’en imprégner, je pense que je vais l’étoffer personnellement en amenant Makoo dans d’autres pays. J’aimerais pouvoir lui faire explorer des pays ayant un lien direct avec mes élèves (origines, famille, vacances, etc …) pour leur faire prendre consciences de toute la richesse des langues vivantes mais aussi de l’ampleur des connaissances qu’ils ont déjà !
L’été 2024 promet un gros chantier !
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